Human Rights Watch (HRW) a publié, ce mardi 15 octobre, un rapport détaillé sur l’utilisation systématique de la torture dans deux prisons et un centre de rétention au Rwanda. L’ONG dénonce des pratiques qui auraient entraîné la mort de plusieurs détenus, illustrant un problème structurel bien plus profond au sein du système carcéral rwandais.
Le rapport de HRW s’appuie sur de nombreux témoignages de victimes, qui décrivent avoir été soumises à des simulacres d’exécution, des passages à tabac violents, et d’autres formes de torture physique pour les contraindre à avouer des crimes. D’anciens détenus de Kwa Gacinya, un centre de détention non officiel à Kigali, rapportent avoir été enfermés dans des cellules étroites ressemblant à des cercueils, subissant des mauvais traitements quotidiens. Le rapport évoque aussi des pratiques telles que la privation de sommeil dans la prison de Nyarugenge, où les détenus étaient soumis à des violences physiques par des agents pénitentiaires et leurs subordonnés.
En avril dernier, Innocent Kayumba, ancien directeur des prisons de Rubavu et de Nyarugenge, a été condamné à 15 ans de prison pour l’agression et le meurtre d’un détenu à la prison de Rubavu. Bien que cette condamnation ait été perçue par certains comme un signe de lutte contre l’impunité dans les services correctionnels, HRW estime qu’elle est loin de représenter un changement systématique. Il s’agit plutôt d’une exception qui masque une réalité plus vaste où les violations des droits humains sont largement prévalentes.
Suite à ces constatations accablantes, Human Rights Watch exhorte le gouvernement rwandais à entreprendre des réformes profondes pour mettre fin aux actes de torture et aux mauvais traitements dans les prisons. L’ONG prône la mise en place de contrôles indépendants au sein des institutions chargées de garantir les droits des détenus, ainsi qu’une réforme globale des services correctionnels afin d’assurer des conditions de détention conformes aux normes internationales. HRW appelle aussi à un renforcement des mécanismes de contrôle judiciaire.
Le rapport met en lumière des violences systématiques dans les prisons de Rubavu et de Nyarugenge, en plus du centre de Kwa Gacinya. Les méthodes de torture incluent non seulement des passages à tabac, mais également des humiliations telles que l’immersion forcée des détenus dans des conteneurs remplis d’eau, où ils subissent des violences perpétrées par d’autres prisonniers sous la supervision d’agents pénitentiaires. Ces pratiques illustrent la nature institutionnalisée des abus au sein du système carcéral.
HRW conclut en appelant non seulement les autorités rwandaises, mais aussi la communauté internationale, à agir de toute urgence pour améliorer les conditions de détention. Les violations systématiques des droits humains recensées exigent une réaction immédiate, tant pour les victimes actuelles que pour prévenir des abus futurs. Selon HRW, la responsabilité est partagée entre les autorités locales et la communauté internationale, qui doit prendre des mesures concrètes et ne pas rester passive face à cette crise.