Le Sénégal fait face à une situation économique préoccupante, exacerbée par un niveau d’endettement atteignant 99,67 % du PIB, bien supérieur aux 74 % annoncés par l’ancien gouvernement. Cette situation est d’autant plus inquiétante que le rapport de la Cour des Comptes a confirmé les craintes des autorités actuelles, alimentant ainsi les préoccupations d’une crise économique imminente. En réponse, une délégation du Fonds Monétaire International (FMI) séjourne à Dakar jusqu’au 26 mars pour analyser la situation financière du pays et examiner les réformes à mettre en place.
La mission du FMI à Dakar vise à analyser les conclusions du rapport de la Cour des Comptes et à comprendre les causes du dérapage des finances publiques. Selon Edward Gemayel, chef de la délégation, l’objectif est de comprendre comment la situation s’est dégradée au cours des dernières années et de discuter des réformes nécessaires pour éviter que cela ne se reproduise. Ces échanges font suite à des discussions engagées bien avant la publication du rapport, et se poursuivront dans les semaines à venir.
L’endettement élevé du Sénégal survient dans un contexte où les autorités tentent de redresser l’économie après des années de gestion difficile. Le pays, qui connaissait auparavant un taux d’endettement plus modéré, a vu sa dette se creuser, en grande partie à cause de dépenses publiques importantes, notamment dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie. Cette situation s’inscrit dans un cadre plus large, où de nombreux pays africains peinent à gérer leur dette tout en maintenant des taux de croissance élevés et en luttant contre la pauvreté.
Face à cette situation complexe, le FMI souligne l’importance de stabiliser l’économie sénégalaise à court terme, tout en maîtrisant la dette. Selon les estimations, la croissance devrait atteindre 8 % cette année, l’une des plus élevées d’Afrique subsaharienne. Cependant, la priorité reste de réduire le déficit budgétaire et de placer la dette sur une trajectoire descendante à moyen terme. À plus long terme, le gouvernement souhaite renforcer le rôle du secteur privé, notamment dans le cadre de la Vision 2050, pour soutenir le développement économique du pays.
Malgré l’ampleur de la situation, les autorités sénégalaises semblent adopter une approche pragmatique. Elles ont d’ores et déjà mis en place des priorités en matière de dépenses, en maintenant les projets les plus urgents tout en reportant ceux jugés moins importants. Edward Gemayel indique que les réformes proposées par le gouvernement sont pertinentes, bien pensées, et s’inscrivent dans un cadre structurant, mais que le véritable défi réside dans la gestion du “misreporting” des données financières.
Le FMI, qui a une grande expérience des pays confrontés à des problèmes de dette, admet qu’il y a eu des manquements dans l’analyse de la situation financière du Sénégal. Le chef de la délégation rappelle que le FMI n’est pas un auditeur, mais plutôt un partenaire des autorités nationales. Cependant, cette situation souligne la nécessité d’une vigilance accrue, tant de la part du FMI que des institutions nationales et internationales, pour éviter que de telles erreurs ne se reproduisent à l’avenir.