Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf, a conclu une visite de deux jours à Juba le 6 mai dernier, accompagnée de Mohamed Abdi Ware, le vice-président de l’Autorité intergouvernementale sur le développement (Igad). L’objectif de cette mission était de relancer le processus de paix au Soudan du Sud, où la situation sécuritaire reste extrêmement volatile. Les deux responsables ont rencontré le président Salva Kiir, mais n’ont pas pu rencontrer le vice-président Riek Machar, actuellement détenu par le gouvernement sud-soudanais.
Cette visite intervient dans un contexte particulièrement préoccupant. L’accord de paix signé en 2018 entre Salva Kiir et Riek Machar, sous l’égide de l’UA et de l’Igad, semble au bord de l’effondrement. Depuis mars, des affrontements violents entre les forces gouvernementales et les groupes d’opposition déstabilisent le pays, avec des bombardements ciblant les bastions de l’opposition et des civils pris dans le feu croisé. La détention prolongée de Riek Machar, ainsi que d’autres responsables de l’opposition, exacerbe les tensions.
Le processus de paix, censé mettre fin à un conflit qui dure depuis 2013, reste fragile. Mahmoud Ali Youssouf a exprimé sa vive inquiétude concernant la situation des détenus politiques, notamment Riek Machar. Il a exhorté le gouvernement sud-soudanais à prendre des mesures concrètes pour accélérer les poursuites judiciaires, si des preuves étaient disponibles. Le président de l’UA a également appelé à une reprise rapide du dialogue, sans toutefois préciser si ce dernier inclurait l’opposant incarcéré.
Le climat politique à Juba laisse entrevoir des perspectives inquiétantes. Pour de nombreux observateurs, comme Daniel Akech Thiong de l’International Crisis Group, le président Kiir semble vouloir répéter le scénario de 2016, lorsqu’il avait évincé Riek Machar, déclenchant une nouvelle escalade du conflit. Si l’UA et l’Igad tentent de relancer le dialogue, beaucoup s’interrogent sur la viabilité d’un processus qui a déjà échoué à plusieurs reprises.
Les efforts de médiation pour la paix au Soudan du Sud s’ajoutent à une longue série d’initiatives internationales. Cependant, les résultats de ces visites sont encore très mitigés. Bien que l’UA et l’Igad continuent d’insister sur l’importance du dialogue et de la réconciliation, l’absence de progrès tangibles dans la mise en œuvre des accords de paix alimente le scepticisme quant à l’efficacité de ces démarches.