Le 8 mai 2025, après des semaines de négociations tendues, le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé de renouveler pour une durée d’un an le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss), tout en appelant à une fin immédiate des combats dans le pays. La Minuss, qui peut compter sur un effectif maximal de 17 000 soldats et 2 100 policiers, dispose désormais de la possibilité d’ajuster son personnel et ses missions en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire sur le terrain.
Le renouvellement du mandat s’accompagne de nouvelles exigences vis-à-vis du gouvernement de transition au Sud-Soudan. En effet, certains membres du Conseil de sécurité, menés par les États-Unis, ont exprimé de vives inquiétudes face aux restrictions imposées à la Minuss par les autorités locales. Ces dernières sont accusées d’entraver les missions de la force de maintien de la paix en limitant sa liberté de mouvement, ce qui compromet son rôle stabilisateur dans un pays toujours fragile. L’ambassadrice américaine par intérim, Dorothy Shea, a insisté sur le fait que les tensions politiques internes et la détention du vice-président Riek Machar constituent des obstacles majeurs à la réconciliation nationale.
Le contexte historique du Soudan du Sud, marqué par des années de guerre civile et une transition complexe vers la paix, a également été un point central dans les discussions au sein du Conseil. Les autorités de Juba, bien qu’engagées dans un processus de transition, peinent à assurer la stabilité dans un pays où les rivalités ethniques restent vives. Ce renouvellement de la mission onusienne se déroule dans un climat de méfiance accrue, notamment après la reprise des combats dans certaines régions, mettant en lumière la fragilité de la paix obtenue à l’issue du conflit de 2013-2018.
Les perspectives pour le Sud-Soudan demeurent incertaines. Si la Minuss a pour objectif de maintenir un environnement propice à la paix, le gouvernement de transition est sous pression pour mener à bien des réformes et permettre la libération de figures politiques comme Riek Machar, afin de désamorcer les tensions. L’ONU met également l’accent sur la nécessité d’organiser des élections, malgré le scepticisme de certains pays membres du Conseil de sécurité, notamment Washington, qui refuse d’allouer davantage de fonds pour des élections continuellement retardées. Ces élections sont perçues comme essentielles pour stabiliser le pays, mais la communauté internationale se montre de plus en plus dubitative quant à la capacité du gouvernement sud-soudanais à mener à bien ce processus.
Par ailleurs, l’attitude de certains membres du Conseil de sécurité a aussi fait l’objet de divergences. La Russie, la Chine et le Pakistan ont choisi de s’abstenir lors du vote, mettant en avant la défense de la souveraineté du Sud-Soudan. Cette position met en lumière la complexité des rapports internationaux autour de cette question, où les intérêts géopolitiques et la souveraineté nationale se heurtent à l’impératif de maintenir la paix. Le groupe africain du Conseil, bien que soutenant le renouvellement du mandat, a insisté sur l’importance de la transparence dans le transfert de la base de Tomping, un sujet sur lequel un accord avait été trouvé entre la Minuss et le gouvernement de Juba.