Le Togo vit une période de vives tensions politiques à la suite de l’annonce inattendue du report des élections législatives et régionales initialement prévues pour le 20 avril 2024. Cette décision, prise par la présidence et communiquée à la veille de l’ouverture officielle de la campagne électorale, a suscité une onde de choc parmi les opposants politiques et la société civile togolaise, plongeant le pays dans une atmosphère de surprise et de colère.
Selon les autorités togolaises, ce report est justifié par la nécessité d’un “léger réaménagement du calendrier” électoral pour permettre à l’Assemblée nationale de mener des consultations autour de la nouvelle Constitution. Ce texte, adopté récemment par les députés dont le mandat est expiré, fait l’objet d’un rejet catégorique de la part de l’opposition. Cette situation a amené à un climat de tension et de mécontentement général, exacerbé par le timing de l’annonce, jugé inopportun par les acteurs politiques et la société civile.
Cette décision intervient dans un contexte politique déjà complexe et tendu. Les partis d’opposition, ainsi que les mouvements de la société civile tels que l’ANC de Jean-Pierre Fabre, le front citoyen Togo-Debout et plusieurs autres formations politiques, ont vivement critiqué ce qu’ils perçoivent comme un coup de force constitutionnel. Ils contestent la légitimité de l’Assemblée nationale à adopter une nouvelle Constitution, arguant que le mandat des députés a pris fin sans qu’une nouvelle élection législative ait eu lieu pour renouveler l’hémicycle.
Les perspectives restent floues quant à la suite des événements. Le pouvoir en place argue de la nécessité de ces consultations pour une adoption plus consensuelle de la nouvelle Constitution, tandis que l’opposition et une large frange de la société civile se montrent sceptiques, voire totalement opposés à l’idée de participer à un processus qu’ils jugent illégitime. Cette impasse politique soulève des questions quant à la stabilité future du Togo et à la possibilité d’organiser des élections dans un climat serein et démocratique.
La réaction des partis d’opposition et de la société civile ne s’est pas faite attendre. Entre appels à la résistance, à la continuation de la campagne électorale malgré son report officiel, et préparation de manifestations, le message est clair : une volonté de ne pas se plier face à ce qui est perçu comme une tentative de museler les voix dissidentes. Toutefois, cette posture de défi pose la question de la capacité des différentes parties à dialoguer et à trouver une issue favorable pour tous.
La décision de reporter les élections législatives et régionales au Togo s’inscrit dans un cadre plus large de tensions politiques et de contestations. Entre les justifications officielles et les critiques de l’opposition, le chemin vers une résolution pacifique des différends semble semé d’embûches. Seule une volonté commune de privilégier l’intérêt national sur les intérêts partisans permettra de surmonter cette crise.