Le 12 mai 2025, deux mois après sa prise de fonction, Mahmoud Ali Youssouf, le nouveau président de la Commission de l’Union africaine (UA), a tenu une conférence de presse à Addis-Abeba pour exposer ses priorités. En tête de ses préoccupations : la paix et la sécurité sur le continent africain. Ce thème, qui traverse les crises actuelles, a été le fil conducteur de son discours. Le président a souligné que ces enjeux étaient essentiels pour assurer l’avenir de l’UA, soulignant la situation préoccupante au Soudan, où des attaques de drones ont récemment frappé la capitale provisoire, Port-Soudan.
Dans son intervention, Mahmoud Ali Youssouf n’a pas caché son inquiétude face à l’escalade de la violence au Soudan. Depuis le début du conflit, la situation s’est détériorée, alimentée par des rivalités internes et des interventions extérieures. Les récentes accusations du gouvernement soudanais contre les Émirats arabes unis, accusés de soutenir militairement les forces de soutien rapide (FSR), ont ravivé les tensions. Si l’UA s’est fermement opposée à toute forme d’ingérence étrangère, Mahmoud Ali Youssouf a insisté sur le fait que ce dossier devait être traité par les autorités soudanaises elles-mêmes, appelant à la fourniture de preuves substantielles.
L’Afrique, aujourd’hui, fait face à des défis multiples, tant sur le plan politique qu’économique. En plus des conflits internes, le continent doit composer avec des crises humanitaires récurrentes et une instabilité croissante, exacerbée par les interventions extérieures. Le Soudan n’est que l’un des exemples où les dynamiques internes sont compliquées par des facteurs externes. Dans ce contexte, l’Union africaine, créée pour être un pilier de la paix et de la coopération sur le continent, doit faire face à un double défi : maintenir la paix tout en répondant à des exigences économiques croissantes, dans un environnement géopolitique de plus en plus complexe.
Au-delà de la question de la sécurité, Mahmoud Ali Youssouf a également mis l’accent sur les impératifs économiques. L’un de ses principaux objectifs est de dynamiser la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Cette initiative, qui vise à renforcer les échanges intra-africains, pourrait constituer une réponse aux défis commerciaux, en particulier face à l’augmentation des tarifs douaniers américains sous Donald Trump. Selon le président de l’UA, le faible niveau des échanges intra-africains, qui ne représentent que 18% du commerce du continent, nécessite une action urgente pour développer les infrastructures nécessaires à la libre circulation des biens et des services.
Un autre défi majeur pour Mahmoud Ali Youssouf est la dépendance financière de l’UA vis-à-vis des dons extérieurs. L’UA a bénéficié de 600 millions d’euros de l’Union européenne pour des missions de maintien de la paix entre 2022 et 2024. Toutefois, le président a insisté sur la nécessité de diversifier les sources de financement, notamment par l’inclusion du secteur privé dans le financement des projets de l’organisation. Cela pourrait réduire la vulnérabilité de l’UA face aux fluctuations des financements étrangers et lui permettre d’assurer une plus grande autonomie dans ses actions.
En définitive, Mahmoud Ali Youssouf a esquissé une vision ambitieuse pour l’UA, mettant l’accent sur la résolution des crises en cours, tout en accélérant l’intégration économique du continent et en renforçant la durabilité financière de l’organisation. Cependant, la mise en œuvre de ces priorités sera déterminante. La collaboration avec les États membres et le secteur privé, ainsi que la capacité à résoudre les tensions géopolitiques, seront des éléments cruciaux pour mesurer le succès de sa présidence.