À seulement 18 ans, la Canadienne Victoria Mboko a remporté son premier tournoi WTA 1000, jeudi 7 août, en battant Naomi Osaka en finale de l’Open du Canada. Devant un public montréalais acquis à sa cause, la jeune joueuse née de parents congolais s’est imposée en trois sets (2-6, 6-4, 6-1) face à l’ex-numéro un mondiale. Ce succès inattendu propulse Mboko parmi les trente meilleures joueuses du classement WTA.
Jusqu’en 2024, Victoria Mboko évoluait encore au-delà de la 300e place mondiale. En moins d’un an, elle a conquis quatre titres sur le circuit secondaire, atteint le troisième tour à Roland-Garros et signé des victoires de prestige contre des joueuses confirmées, dont Coco Gauff. Sa victoire contre Osaka, au terme d’un match renversant, consacre une joueuse en pleine éclosion, à la fois combative et stratégiquement lucide.
Née en 2006 à Charlotte, aux États-Unis, Victoria Mboko est issue d’une famille originaire de la République démocratique du Congo, installée au Canada après avoir fui les tensions politiques de la fin des années 1990. Elle grandit à Toronto, où elle découvre le tennis dès l’âge de trois ans. Cadette d’une fratrie de quatre enfants, elle s’inspire de Serena Williams, son modèle, pour construire son propre style de jeu.
Encadrée au Canada par Simon Larose, Mboko a aussi bénéficié des conseils de la Française Nathalie Tauziat, ancienne numéro 3 mondiale. Elle a complété sa formation en Belgique à l’académie de Justine Henin. Ce mélange d’influences techniques et culturelles a forgé une athlète complète, capable de s’adapter aux styles variés de ses adversaires. Sa maîtrise tactique, déjà impressionnante pour son âge, lui permet de rivaliser avec l’élite.
Le match contre Osaka a illustré la maturité croissante de Mboko. Dominée dans le premier set, elle a su tirer parti d’un public bruyant et d’une adversaire en perte de confiance. Plus agressive et précise, elle a renversé la dynamique dans la deuxième manche, avant de dominer nettement la troisième. Son message en conférence de presse – « Merci Montréal, je vous aime ! » – a confirmé son attachement à un pays qui l’a vue grandir.
Au-delà du succès individuel, la victoire de Mboko symbolise l’émergence d’une génération de sportives afro-descendantes sur la scène internationale. Elle incarne une jeunesse plurielle, à la croisée de plusieurs cultures, et bouscule les hiérarchies établies. Pour le tennis canadien comme pour la diaspora africaine, son triomphe résonne comme un signal fort : le haut niveau s’ouvre à de nouveaux visages, porteurs d’autres récits.