Ce 10 mai 2022, les agents de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), le fonds public de pension du Cameroun, ont apposé des scellés sur le portail principal de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam) à Douala, la capitale économique du pays. Jadis leader de l’industrie textile en Afrique centrale, cette entreprise publique en proie à d’énormes difficultés financières depuis de nombreuses années, du fait de la concurrence du textile chinois et ouest-africain, devient ainsi l’une des premières victimes de la nouvelle opération de recouvrement forcé des cotisations sociales que vient de lancer la CNPS.
À travers cette opération, qui vise de nombreuses entreprises, la CNPS monte ainsi d’un cran dans la traque des employeurs insolvables, dont certains prélèvent effectivement les cotisations sociales sur les salaires des employés, sans pour autant les reverser à la CNPS. L’on se souvient que dans un communiqué daté du 3 août 2021, Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, le DG de la CNPS, invitait déjà « tous les employeurs et personnes concernées à s’acquitter dans les meilleurs délais de leurs dettes ou à solliciter un aménagement des modalités de paiement y relatifs ».
Cette interpellation du patron de l’organisme de gestion de la sécurité sociale semble n’avoir pas suscité beaucoup d’intérêt auprès des employeurs. D’où le recouvrement forcé, au regard de l’ampleur du phénomène. En effet, selon les données de la CNPS, seulement 7 000 sur 30 000 entreprises actives sont à jour du paiement des cotisations sociales de leurs employés. En conséquence, affirme le fonds public de pension, « nous avons quasiment 16 000 assurés sociaux que nous ne pouvons pas prendre en charge du fait que leurs employeurs sont lourdement endettés auprès de la CNPS. Aujourd’hui, la situation s’est tellement dégradée que seulement le quart des entreprises sont en règle ».
Pour rappel, alors qu’ils dépassaient à peine 60 milliards de FCFA en 2016, les arriérés de cotisations sociales réclamés par la CNPS aux entreprises locales se chiffraient à 201 milliards de FCFA à fin août 2020. Ils ont culminé à 217 milliards de FCFA au premier semestre 2021, dont plus de 60 milliards de FCFA réclamés aux Collectivités territoriales décentralisées (CTD), projets et établissements publics administratifs.