Le 30 août marque la « Journée Nationale de la Libération » au Gabon, une date symbolique alors que la transition politique, initiée par le général Brice Clothaire Oligui Nguema, est à mi-chemin. Il y a un an, le chef de la garde républicaine a orchestré un coup d’État, renversant Ali Bongo après l’annonce controversée de sa réélection. Depuis lors, une grande partie de l’opposition et de la société civile a rejoint les institutions, dans le but de préparer les prochaines élections prévues d’ici août 2025.
Depuis son accession au pouvoir, le général Oligui Nguema s’efforce de se forger une image de libérateur. Comparé à Moïse à ses débuts, il se réclame maintenant de Josué, le successeur biblique qui a mené son peuple à la Terre promise. Sa « tournée républicaine », souvent perçue comme une pré-campagne électorale, lui permet de multiplier les apparitions publiques, renforçant ainsi sa popularité. Ces actions témoignent de sa volonté de s’imposer comme le leader légitime du Gabon, notamment en vue des élections de 2025.
Le coup d’État du 30 août 2023 a surpris de nombreux observateurs, venant d’un homme de confiance du clan Bongo, Brice Clotaire Oligui Nguema. En tant que chef de la garde républicaine, il avait consolidé son pouvoir au sein de l’appareil d’État depuis son retour en grâce en 2019. Les relations tendues avec la famille Bongo, exacerbées par une dispute avec Nourredine Bongo le soir des élections, ont sans doute précipité son passage à l’acte, justifié officiellement par des résultats électoraux jugés frauduleux.
La transition en cours soulève des questions sur l’avenir politique du Gabon. Tandis que le général Oligui Nguema consolide son emprise, des voix critiques s’inquiètent de la construction d’institutions à sa mesure. L’opposition et la société civile, tout en étant intégrées au processus, insistent sur la nécessité d’élections crédibles et de la mise en place d’un Parlement démocratique. La future Constitution, en cours de rédaction, devra être adoptée par référendum d’ici la fin de l’année, et sera déterminante pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Sur la scène internationale, le Gabon a réintégré la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) en mars 2024, après avoir été suspendu à la suite du coup d’État. Le général Oligui Nguema a travaillé à renforcer les relations diplomatiques avec les pays voisins, obtenant en décembre 2023 le maintien du siège de la CEEAC à Libreville. Cette reconnaissance partielle par la communauté internationale marque un pas vers la réhabilitation du Gabon, même si l’Union africaine tarde à lever ses sanctions.
Malgré ces avancées, l’incertitude plane sur la réintégration complète du Gabon au sein de l’Union africaine. Bien que des rencontres aient eu lieu, comme celle du 5 juillet 2024 entre Brice Clotaire Oligui Nguema et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, aucune décision concrète n’a été annoncée. Le Gabon reste donc dans une position délicate, à la croisée des chemins entre consolidation interne et reconnaissance internationale.