Moins d’un an après sa nomination, l’ambassadeur du Bénin au Niger, Gildas Agonkan, a été officiellement relevé de ses fonctions. Rappelé en février 2025 pour des propos jugés contraires à la ligne officielle de Cotonou, le diplomate ne retournera pas à son poste. Le ministre béninois des Affaires étrangères a confirmé que son gouvernement s’apprête à nommer un nouvel ambassadeur dans les prochains jours, actant ainsi la fin de la mission de normalisation entamée l’année précédente.
C’est lors d’une cérémonie tenue à Gaya, au sud du Niger, que Gildas Agonkan a provoqué la rupture. Devant un public composé de responsables nigériens, il a déclaré : « Je voudrais, au nom de tous les Béninois et des autorités du Bénin, demander pardon au peuple nigérien. » Si ses mots ont été chaleureusement accueillis à Niamey, ils ont, en revanche, suscité la colère des autorités béninoises. Ses excuses ont été perçues comme une prise de position personnelle, contraire à la posture de fermeté adoptée par le gouvernement de Patrice Talon, qui n’a jamais reconnu la légitimité des accusations portées par Niamey.
Depuis le coup d’État militaire du 26 juillet 2023 au Niger, les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées. Les frontières restent fermées, et les accusations de déstabilisation lancées par le général Tiani contre le Bénin continuent d’empoisonner le dialogue. Malgré les tensions, le Niger n’a jamais rappelé son propre ambassadeur en poste à Cotonou. Ce dernier est resté en fonction, sans même avoir été convoqué, y compris après les propos particulièrement virulents du chef de la junte nigérienne.
Cotonou n’a pas encore proposé de successeur à Agonkan, et rien n’indique que Niamey acceptera facilement une nouvelle nomination. La posture du régime nigérien reste inflexible. Le 31 mai 2025, Abdourahamane Tiani affirmait encore que la frontière avec le Bénin « resterait fermée », accusant son voisin d’abriter des camps d’entraînement pour jihadistes – une accusation catégoriquement rejetée par les autorités béninoises.
L’affaire Agonkan illustre la difficulté pour les États voisins de maintenir un dialogue diplomatique apaisé face à des régimes militaires fermés au compromis. Le rappel de l’ambassadeur n’est pas seulement un signal de désaveu personnel, mais le symptôme d’une stratégie régionale mise à mal par l’intransigeance de Niamey. En choisissant de le remplacer, Cotonou tente de reprendre la main sur le dossier, mais le terrain reste miné.