Le comité central de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) se réunit ce 28 juin à Yaoundé pour décider du maintien – ou non – de son alliance vieille de 28 ans avec le président Paul Biya. Alors que le parti connaît une pression interne croissante pour s’émanciper, le pouvoir tente, en coulisses, de préserver une coalition devenue fragile.
La réunion se tient dans un climat de tension alimenté par l’impatience des militants de l’UNDP, lassés de voir leur parti relégué au second plan après près de trois décennies de fidélité au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Beaucoup accusent Bello Bouba Maïgari, président du parti et ministre d’État depuis 1997, d’avoir sacrifié l’influence de l’UNDP sur l’autel de la stabilité gouvernementale. Cette colère de la base s’est intensifiée depuis la démission spectaculaire d’Issa Tchiroma du gouvernement début juin.
Créée en 1991, l’UNDP s’est imposée dès le retour au multipartisme comme la principale force politique du Nord-Cameroun, remportant 68 sièges lors des législatives de 1992. Mais cette force s’est peu à peu diluée à mesure que le parti s’installait dans une alliance déséquilibrée avec le RDPC. Résultat : une perte d’assise dans ses bastions traditionnels, au profit d’un RDPC désormais hégémonique dans le septentrion.
Le retrait d’Issa Tchiroma a jeté un trouble dans les rangs de la majorité. Yaoundé redoute une hémorragie de ses alliés au Nord et a tenté, cette semaine encore, de convaincre l’UNDP de rester dans le giron présidentiel. Mais le parti, partagé entre fidélité au régime et stratégie de survie politique, se retrouve dans une impasse. Rester dans l’alliance pourrait l’enfoncer davantage. Rompre pourrait redonner souffle à sa base et à ses ambitions.
Si la rupture est actée à l’issue de cette réunion, l’UNDP pourrait emboîter le pas au FSNC d’Issa Tchiroma et annoncer, dans les semaines à venir, son propre candidat à la présidentielle d’octobre 2025. Une décision qui redessinerait le paysage politique du Nord-Cameroun, en pleine recomposition à l’approche des échéances électorales.
Derrière le bras de fer politique, c’est la reconquête du terrain perdu qui motive la fronde. Pour l’UNDP, sortir de l’ombre du RDPC est devenu une question de survie. La présidentielle de 2025 apparaît alors comme une occasion de remobiliser sa base, de réaffirmer son ancrage régional et de redevenir un acteur politique crédible à l’échelle nationale.