L’ONG Women For Change, engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, a lancé une pétition en Afrique du Sud pour tenter d’annuler les concerts de Chris Brown prévus ce weekend à Johannesburg. L’initiative fait suite à la réputation du chanteur, régulièrement condamné pour des violences, dont le cas le plus médiatisé reste celui de son ex-compagne Rihanna en 2009. Bien que la pétition n’ait pas permis l’annulation des événements, elle a permis de susciter un débat national sur les violences basées sur le genre, un fléau majeur en Afrique du Sud.
Women For Change a mobilisé plus de 50 000 signatures en ligne contre les concerts de Chris Brown, soulignant l’inadmissibilité de soutenir des artistes condamnés pour violence. La porte-parole de l’organisation, Bulelwa Adonis, explique que l’objectif n’est pas uniquement d’annuler ces concerts, mais de mettre en lumière un problème de société urgent. En effet, l’Afrique du Sud est l’un des pays les plus touchés par les violences basées sur le genre, avec près d’une femme sur trois ayant été victime de violences sexuelles ou physiques.
Cette mobilisation intervient au lendemain des « 16 jours d’activisme » contre les violences de genre, une campagne internationale des Nations unies. En Afrique du Sud, où ces violences sont endémiques, ce moment est particulièrement symbolique. Le pays a été secoué ces dernières années par des vagues de féminicides et des agressions fréquentes contre les femmes, malgré les efforts du gouvernement et des organisations pour sensibiliser la population et protéger les victimes.
Même si les concerts de Chris Brown ne seront pas annulés, la pétition a permis de faire avancer le débat public sur les violences faites aux femmes. Women For Change espère que cette mobilisation contribuera à un changement de mentalité et à une prise de conscience collective sur la manière dont la société traite les victimes de violences. L’organisation met également en lumière l’importance de ne pas minimiser la gravité des actes de violence, en soulignant que soutenir un artiste violent, c’est cautionner un comportement inacceptable.
Le mouvement Women For Change avait initialement prévu de manifester devant le stade de Johannesburg, mais en raison de la haine qu’elles ont reçue en ligne, l’ONG a décidé de ne pas prendre ce risque pour des raisons de sécurité. “On n’ose imaginer ce qui pourrait se passer sur place”, a déclaré Bulelwa Adonis, soulignant l’intensité des menaces dont l’organisation est l’objet. Toutefois, l’ONG reste résolue à poursuivre sa mission d’éducation et de dialogue, en poursuivant ses efforts pour sensibiliser à la lutte contre les violences basées sur le genre.
La pétition a suscité des réactions contrastées. Si certains ont salué l’initiative de Women For Change, d’autres ont critiqué la démarche, estimant qu’il ne fallait pas interférer dans les choix culturels et artistiques. Malgré les divergences, la porte-parole de l’ONG reste convaincue que cette mobilisation a permis de redonner de la visibilité à une problématique souvent ignorée. Elle espère que cela encouragera les Africains à ne plus tolérer la violence sous toutes ses formes, que ce soit dans le milieu artistique ou dans la société en général.