Le Cameroun continue de creuser à quelques jours du rassemblent des Lions indomptables, prévu début 3 juin, avant les matches éliminatoires de la Coupe du monde 2026 (Cap Vert puis Angola). La guerre entre Samuel Eto’o, le président de la Fédération, et Narcisse Mouelle Kombi, le ministre des sports, a atteint son paroxysme.
Ce mardi matin, Eto’o a convoqué Marc Brys, le sélectionneur, et le staff mis en place par les soins de l’ancien du Barça pour une réunion de travail. Mais le Belge est venu avec Cyrille Tollo, l’envoyé spécial du ministre, et ses autres adjoints qui ont failli ne pas passer la porte d’entrée… Une scène surréaliste s’est alors déroulée entre un Eto’o, en furie, et Tollo.
Eto’o : « Respectez-nous ! »
Tolo : « Mais je vous respecte ! »
Eto’o : « Maintenant, je peux travailler avec mes collaborateurs. »
Tolo : « Vous ne travaillez pas avec vos collaborateurs. J’ai une instruction du ministre ! »
Plus tard, il dégagera carrément Tollo. « Ici, vous n’avez pas la parole. Quand je viens au ministère, je vous respecte, ici je suis le seul patron ! C’est la dernière fois, Monsieur Tollo ! Appelez la sécurité. Vous le mettez dehors ! » Le tout dit sur un ton d’une rare violence, dans un face-à-face à la limite de l’affrontement physique.
À un moment, Eto’o se rend aussi dans la pièce où se trouve Brys. « Vous allez bien ? », demande le président.
Brys : « Très bien, merci beaucoup ».
Il veut que le Belge reste pour parler de la suite alors qu’il veut rejoindre la délégation ministérielle.
Eto’o : « Je vous prie monsieur le sélectionneur, soit vous restez, soit… » Puis d’un seul coup : « Ne touchez pas ! » Brys a eu le malheur de poser sa main sur son épaule…
Brys : « Pourquoi tu parles comme ça ? »
Eto’o : « Je suis le président, monsieur le sélectionneur. »
Brys : « Je suis entraîneur… »
Eto’o n’accepte guère la remarque et s’irrite : « Vous êtes entraîneur car je vous ai nommé, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui vous a nommé. Vous avez fait beaucoup de manquements. Je vous prie de rester dans cette réunion car si vous ne restez pas… »
Brys : « Ça fait deux mois que je suis ici, où étais-tu ? »
Eto’o : « Je suis le président. La seule personne qui fait la politique au Cameroun, c’est le président (Paul) Biya. Vous ne décidez pas. C’est moi le président de la Fédé. Et vous ne me parlez pas comme ça ! Moi aussi, j’ai été entraîneur ! Et en tant que footballeur, vous ne pouvez jamais me parler ! Vous vous asseyez et on travaille. Arrêtez un peu ce bordel ! Vous pensez que je peux faire ça en Belgique. J’ai été entraîneur. »
Brys, ironique : « Oui, trois semaines… »
Eto’o : « Et j’ai été un très très grand joueur ! »
Brys : « Félicitations ! »
Eto’o : « Et si vous partez, vous ne reviendrez plus. » Et Le Belge de s’en aller, puis Eto’o de convoquer un comité exécutif pour le démettre de ses fonctions…
Plus tard, Mouelle Kombi a tenté de rassurer Brys au ministère : « Je peux vous assurer que c’est vous le staff. Restez zen, ça va rentrer dans l’ordre, ne vous inquiétez pas. » Difficile pourtant de ne pas s’inquiéter même si Brys apparaît, d’après ses proches, assez serein dans cette tourmente. Même certains joueurs ont reçu des convocations venant des deux entités, du ministère et de la Fédération. Aujourd’hui, personne ne sait qui dirigera les Lions dans une semaine. Qui sera sur le banc. Seul Paul Biya, le chef de l’Etat, peut siffler la fin de cette récréation.