La rappeuse américano-ivoirienne DJ Sara, de son vrai nom Sarafina Côyinor, a explosé sur la scène musicale ivoirienne avec son titre « DJ Sara Freestyle (Décalé Yorobo) », devenu un tube viral. Bien que venue des États-Unis, elle a su s’imposer sur la scène locale en alliant le coupé-décalé, genre musical emblématique de la Côte d’Ivoire, avec les sonorités du hip-hop américain. En quelques semaines, la chanson a conquis le cÅ“ur des Ivoiriens, notamment à Abidjan, où elle a rapidement dominé les clubs et les réseaux sociaux, notamment TikTok.
Le morceau « DJ Sara Freestyle » a vu le jour fin décembre 2024, après une improvisation en studio de Sarafina. La chanson s’est rapidement propagée grâce à un clip simple mais efficace, tourné à bas coût à Chicago. En quelques jours, il a accumulé plus de 1,3 million de vues sur TikTok et permis à DJ Sara de rassembler plus de 120 000 abonnés. Le secret de ce succès réside dans l’utilisation d’un gimmick emprunté au regretté DJ Arafat, figure légendaire du coupé-décalé, dont l’expression « démarrer kitata » et les mouvements de danse inspirés de ses tubes ont insufflé une nouvelle énergie au genre.
Née à San Pedro, sur la côte ivoirienne, Sarafina a grandi aux États-Unis, où son père, DJ et grand amateur de coupé-décalé, a largement influencé son parcours. Même en vivant dans un autre continent, elle n’a jamais coupé les ponts avec sa culture ivoirienne. La rappeuse baigne donc depuis son enfance dans le coupé-décalé, genre musical né dans la diaspora ivoirienne à Paris à la fin des années 1990. En intégrant des éléments modernes, tels que le flow rap, et en s’inspirant des figures de proue comme DJ Arafat, Molare et Douk Saga, DJ Sara parvient à offrir une version renouvelée et transgénérationnelle de ce style musical.
Si « Décalé Yorobo » a incontestablement marqué l’année 2024, l’avenir de DJ Sara semble tout aussi radieux. L’artiste, qui a fait ses premiers pas en Côte d’Ivoire après une longue absence de 12 ans, se prépare à conquérir de nouveaux horizons. Elle travaille déjà sur de nouveaux morceaux, et ses performances à Abidjan sont saluées par une base de fans toujours croissante. L’un des grands défis pour elle sera de démontrer que ce succès n’est pas un simple effet de mode mais le début d’une carrière durable sur la scène musicale ivoirienne et africaine.
À Abidjan, DJ Sara a enchaîné les showcases avec enthousiasme, mais elle reste consciente que son ascension fulgurante pourrait être éphémère. Lors de ses concerts, elle cultive une image de star à l’égo affirmé, typique des artistes de coupé-décalé. Si sa recette pour le succès reste un mystère, ses morceaux résonnent profondément avec la jeunesse ivoirienne, notamment à travers des thématiques qui touchent la culture du bling-bling et l’image de soi. Toutefois, certains se demandent si cette fusion entre hip-hop et coupé-décalé saura maintenir son attrait au-delà de l’effet de mode.
À 12 000 kilomètres de son pays natal, DJ Sara a su créer un pont musical entre l’Occident et l’Afrique. Sa capacité à mêler deux mondes musicaux et à réinterpréter un genre musical d’origine ivoirienne de manière moderne a séduit de nombreux jeunes. Pourtant, sa popularité fulgurante soulève des questions : saura-t-elle faire perdurer son succès ou sera-t-elle simplement une étoile filante dans l’industrie musicale ivoirienne ? Le temps nous le dira, mais pour l’instant, DJ Sara est un phénomène à suivre de près.