À quelques mois des élections présidentielles et législatives prévues pour novembre 2025, l’opposition bissau-guinéenne semble enfin s’unir autour d’un plan d’action visant à réformer la politique du pays. Le 27 avril 2025, six figures de l’opposition, réunies à Paris, ont annoncé avoir trouvé un terrain d’entente pour “changer la donne” en Guinée-Bissau. Bien que les élections aient été mentionnées, elles ne sont pas au centre des discussions, comme l’a précisé le député Flavio Batica Ferreira.
Les discussions, qui se sont tenues pendant trois jours, étaient motivées par l’extension du mandat du président actuel, Umaro Sissoco Embalo, que l’opposition considère comme illégitime. Selon eux, le mandat présidentiel aurait dû prendre fin fin février. L’objectif de ces pourparlers était donc de mettre en lumière une opposition unie, prête à dépasser les divergences partisanes pour défendre les principes démocratiques du pays. “Nous devons d’abord résoudre les problèmes structurels qui minent le pays”, a souligné Flavio Batica Ferreira, en évoquant des institutions défaillantes comme l’Assemblée nationale, la Cour suprême de justice et la Commission nationale des élections (CNE), qui ne remplissent plus leurs rôles depuis plusieurs années.
La Guinée-Bissau traverse une période de crise institutionnelle profonde. L’Assemblée nationale, la CNE et la Cour suprême sont paralysées, et l’absence de leadership dans ces institutions majeures empêche toute organisation d’élections crédibles. Cette situation soulève des préoccupations concernant la légitimité des élections futures. Pour l’opposition, il est impératif de rétablir ces institutions avant d’envisager la tenue d’élections libres et transparentes. Dans ce contexte, l’accord trouvé entre les six opposants vise à mettre en place des actions concrètes pour restaurer la démocratie et assurer un processus électoral juste.
Le plan d’action élaboré par les six leaders de l’opposition devra, avant tout, être validé par leurs partis respectifs. Cette initiative marque cependant un tournant dans la politique de la Guinée-Bissau, où l’opposition cherche à regagner la confiance de la communauté internationale, tout en agissant de manière autonome si nécessaire. La question des élections reste un sujet de débat, mais les opposants s’accordent à dire que l’organisation d’un scrutin démocratique ne peut se faire que sur des bases solides, avec des institutions rénovées et fonctionnelles.
Flavio Batica Ferreira a insisté sur le fait que les discussions sur les élections ne sont pas la priorité pour le moment. “Nous avons parlé des élections, mais ce n’est pas la base de nos discussions”, a-t-il précisé. L’objectif immédiat de l’opposition est donc de résoudre les problèmes institutionnels avant de pouvoir discuter de la tenue des élections présidentielles et législatives dans un environnement stable et transparent. Le plan d’action élaboré pourrait donc représenter un moyen de renforcer la cohésion interne de l’opposition, tout en poussant la communauté internationale à soutenir ces réformes essentielles.
Cet accord, bien que positif, laisse entrevoir des défis de taille pour l’avenir politique de la Guinée-Bissau. Le pays devra non seulement restaurer ses institutions, mais également garantir un processus démocratique véritablement inclusif et transparent. Le changement semble en marche, mais l’incertitude demeure quant à la capacité des acteurs politiques à mettre en œuvre ce plan d’action dans les délais impartis.