Alpha Condé essaie-t-il d’échapper à la justice en se déplaçant en Turquie pour des soins médicaux ? La junte guinéenne s’immisce-t-elle dans les affaires judiciaires en le laissant partir ? C’est ce que craignent les avocats du FNDC, le Front national pour la défense de la Constitution, le mouvement à l’origine des manifestations de 2019 contre le troisième mandat de l’ancien président, qui avaient été durement réprimées.
Depuis le 4 mai, Alpha Condé est poursuivi par la justice en Guinée, ainsi que 27 autres personnalités politiques, pour assassinats, actes de torture et enlèvements.
L’avocat du FNDC Maître Thierry Brengarth rappelle que dans ce cadre, l’ancien président ne peut pas sortir du territoire et il demande, au nom de ses clients, que soient fournis les documents juridiques censés permettre ce voyage.
« C’est une autorisation qui a été manifestement accordée par la junte militaire. C’est du moins la déduction qu’on peut faire du communiqué. Mais on sait aussi que des poursuites ont été diligentées par la justice guinéenne, ce qui suppose donc qu’un contrôle soit exercé par le parquet guinéen. Est-ce que ce contrôle a eu véritablement lieu, sur quel texte cette décision d’autorisation a été prise et est-ce que cette décision a été prise moyennant une interférence de la junte militaire au mépris de l’indépendance de la justice ? Non seulement nous exprimons des craintes vives par rapport au risque qu’Alpha Condé ne se présente pas devant la justice guinéenne, et nos craintes sont renforcées par ce qui est à l’origine de cette autorisation et donc, peut-être, par le biais d’une violation de l’indépendance judiciaire. »