C’est une expérience inédite qui est menée depuis quatre ans dans le village de Kalera, à 300 Km au nord de Lubumbashi. Les paysans se sont lancés dans la culture du haricot grâce au programme baptisé « Tôles-Malaki », « Tôles contre haricots ». L’énergéticien congolais Kipay Investments propose aux agriculteurs des tôles et du ciment en échange de leur production de haricots à prix réduit. En 4 ans, une centaine de maisons ont été construites en matériaux durables dans le village.
Le programme d’échange « Tôles contre haricots » démarre en 2018. À cette période, 95 % des maisons du village Kalera sont en paille. L’entreprise Kipay Investment qui entend construire une centrale hydroélectrique à 50 km du village propose aux habitants des tôles en échange du haricot produit localement.
Michel Kasongo est membre du comité de gestion Tôles-Malaki. Il explique que « le processus commence par une sensibilisation des paysans. Pour avoir droit aux tôles, il y a des conditions. Premièrement, être un résident du village Kalera, deuxièmement posséder une parcelle dans le village, et troisièmement, construire une maison en briques cuites. C’est seulement à ces conditions qu’un paysan peut souscrire au projet. »
Une centaine de logements construits
À ce jour, environ une centaine de maisons ont été construites en matériaux durables grâce à ce programme. Louis Musange, âgé de 70 ans, est l’un des bénéficiaires. Assis devant sa nouvelle maison, il est fier d’avoir réalisé son rêve. « Mes enfants et moi-même cultivons du haricot. Il y a un an, nous avions participé au programme “Tôles contre haricots” et nous avions obtenu 11 tôles. La saison agricole passée, nous avons eu 10 tôles. Avec ça, nous avons pu construire. Là, je dors tranquillement, même lorsqu’il pleut. »
Il faut 10 kg de haricot pour une tôle, ce qui représente 8 dollars alors que la tôle se vend 19 dollars en ville, soit une réduction 57 % sans compter le coût de transport. Bupe Ngoy est le chef de l’administration du village. « Il y a vraiment une bonne perspective par rapport aux infrastructures, car les jeunes gens construisent actuellement de grandes maisons grâce à ce projet d’échange “Tôles contre haricots”. Ce projet a suscité l’intérêt dans la culture du haricot. Celui qui faisait par exemple un demi-hectare est passé à un hectare dans le but de se procurer des tôles. »
Des sacs de ciment également proposés
Ce programme vise le développement du village Kalera de 15 000 personnes, indique de son côté Raphaël Salumu, assistant au programme social de l’entreprise Kipay Investments. « Le village sera le premier bénéficiaire de l’électricité. On ne peut pas amener l’électricité dans une maison en pailles avec tous les risques qu’il y a. C’est pourquoi nous avons initié ce projet de façon à préparer la communauté à ce qui va arriver dans les prochains jours. »
En plus des tôles, le programme propose depuis octobre dernier des sacs de ciment. Les paysans qui ont déjà reconstruit leurs maisons peuvent y souscrire aux mêmes conditions.
rfi