Le président congolais Félix Tshisekedi a réaffirmé son refus catégorique de dialoguer avec le groupe rebelle M23, qu’il a qualifié de “pantin”, lors d’une rencontre avec les membres de la majorité parlementaire et les figures de sa coalition. Alors que les rebelles, soutenus selon Kinshasa par l’armée rwandaise, continuent d’occuper plusieurs localités du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, Tshisekedi a insisté sur l’absence de toute négociation avec ces insurgés, soulignant que cela constituerait une humiliation pour la République Démocratique du Congo.
Lors de son intervention, Félix Tshisekedi a évoqué les graves défaillances au sein de l’armée congolaise, qu’il juge trahie de l’intérieur. Il a dénoncé des comportements de corruption où des responsables militaires auraient détourné les fonds destinés au soutien logistique des troupes, entraînant des manques critiques en équipements et en ravitaillement. Le président a notamment révélé qu’il est arrivé que les forces déployées sur le front soient privées de commandement et de ressources pendant plusieurs jours. Tshisekedi a promis une refonte complète de l’armée, en la transformant en une force professionnelle et mieux organisée.
Le M23, qui a refait surface en 2012 avant de se renforcer au cours des dernières années, est une rébellion dont l’origine remonte à des tensions ethniques et politiques dans la région des Grands Lacs. Les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, déjà fragilisées par des décennies de conflits, sont depuis lors devenues le théâtre de violents affrontements. Ces attaques ont été exacerbées par des accusations de soutien du Rwanda au M23, ce que le gouvernement congolais qualifie de violation de sa souveraineté. Face à cette situation, l’incapacité de l’armée congolaise à contenir l’avancée des rebelles a engendré une série de critiques sur l’inefficacité du gouvernement.
En plus de la réforme militaire, Félix Tshisekedi envisage également une refonte de son gouvernement, qu’il qualifie d’inefficace face aux défis sécuritaires. Le président a précisé qu’il procédera à des changements dans la direction de son mouvement politique, l’Union sacrée, qui n’a pas su se montrer à la hauteur des enjeux. Cette annonce survient alors que certains membres de sa majorité ont été critiqués pour leur manque de réactivité face à l’aggravation de la crise dans l’Est du pays. Tshisekedi semble vouloir resserrer les rangs pour assurer une riposte plus forte et plus cohérente contre les menaces extérieures.
Le ministre des Affaires étrangères du Rwanda a réagi aux déclarations de Félix Tshisekedi en l’accusant de tenir un double discours concernant les négociations avec le M23. Sur les réseaux sociaux, le responsable rwandais a estimé que les propos du président congolais étaient contradictoires, faisant écho à des critiques croissantes à l’international sur la gestion de la crise. Le Rwanda, quant à lui, dément toute implication directe dans le soutien au M23, bien que les relations entre les deux pays restent tendues en raison de la guerre de l’Est.
Les réformes promises par Félix Tshisekedi devront faire face à de nombreux défis, notamment la mise en place d’une nouvelle gouvernance militaire et politique efficace. Bien que ces réformes puissent renforcer l’armée et l’administration, la situation sur le terrain reste volatile, avec la persistance des combats et la menace de l’ingérence étrangère. La communauté internationale suit de près ces évolutions, car la stabilité de la RDC reste cruciale pour la région des Grands Lacs et pour la lutte contre les groupes armés transnationaux. Il reste à voir si ces réformes réussiront à inverser la tendance et à redonner confiance à une population durement affectée par des années de conflits.