Le Ghana est secoué par un vaste scandale de corruption impliquant douze anciens hauts responsables de l’administration de l’ex-président Nana Akufo-Addo. Selon le ministre de la Justice, ces personnalités sont poursuivies pour vol, blanchiment d’argent, usage abusif de fonctions publiques et association de malfaiteurs. L’enquête estime le préjudice à 548 millions de cedis, soit environ 53 millions de dollars.
Parmi les mis en cause figure Mustapha Ussif, ancien ministre des Sports. Lui et onze autres hauts fonctionnaires sont accusés d’avoir mis en place un système frauduleux dans le cadre du programme de service national. Ce programme, censé employer chaque année des milliers d’étudiants, aurait servi de paravent à une vaste opération de surfacturation. Les accusés auraient créé de faux bénéficiaires, encaissant ainsi des fonds alloués à des participants fictifs.
La fraude aurait duré six années, sous la présidence de Nana Akufo-Addo. Le média d’investigation The Fourth Estate, à l’origine de ces révélations, évoque même des pertes potentiellement bien supérieures aux chiffres avancés par le ministère de la Justice. Cette affaire rappelle d’autres dossiers de corruption ayant marqué les mandats précédents, illustrant les failles persistantes dans la gestion des programmes publics au Ghana.
Depuis le retour au pouvoir de John Dramani Mahama en janvier, les autorités judiciaires ont lancé une série de poursuites contre plusieurs membres de l’ancienne équipe gouvernementale. Cette affaire s’inscrit donc dans une stratégie plus large de lutte contre la corruption, annoncée dès les premiers jours du nouveau mandat présidentiel. Mais certains observateurs s’interrogent sur le risque d’une instrumentalisation politique de la justice.
Dans un contexte où la confiance envers les institutions est fragile, cette nouvelle affaire nourrit un climat de suspicion. Toutefois, le rôle de la presse indépendante, comme The Fourth Estate, montre aussi que les mécanismes de contrôle citoyen et de transparence gagnent du terrain. Les révélations, étayées par des documents et des témoignages, donnent au parquet des bases solides pour instruire les poursuites.
Au-delà des responsabilités individuelles, ce scandale relance le débat sur la gouvernance du programme de service national. Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une refonte complète du système, afin d’éviter que de telles pratiques ne puissent se reproduire. Des audits internes et une surveillance accrue des circuits de paiement sont déjà à l’étude, selon des sources proches du ministère de la Jeunesse.