Les experts congolais et rwandais ont paraphé, le 18 juin à Washington, un document préparatoire à un accord de paix, sous la médiation américaine. Ce texte marque une étape significative dans la tentative de résolution du conflit qui déchire l’est de la République démocratique du Congo depuis des années. Sa signature officielle, attendue le 27 juin par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, pourrait ouvrir la voie à un sommet présidentiel en juillet, en présence de Donald Trump.
Fruit de trois jours d’intenses discussions et d’échanges diplomatiques, le document – sobrement intitulé « Accord » – a été élaboré sur la base d’une déclaration de principes signée le 25 avril dernier. Encadrées par la sous-secrétaire d’État américaine Allison Hooker, les délégations ont convenu de cinq engagements majeurs : respect de l’intégrité territoriale, cessation des hostilités, désengagement et désarmement des groupes armés, intégration conditionnelle de certains éléments rebelles, et création d’un cadre d’intégration économique régional.
Le conflit à l’est de la RDC, alimenté par la présence de groupes armés actifs et par les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, a causé des milliers de morts et des millions de déplacés. Accusé par Kinshasa de soutenir le mouvement rebelle M23, le Rwanda a toujours nié toute implication directe. Plusieurs tentatives de médiation ont échoué ces dernières années, notamment celles menées à Luanda en 2022 et 2024, malgré la mise en place du mécanisme CONOPs, censé encadrer les échanges sécuritaires bilatéraux.
Le document paraphé doit désormais être validé formellement par les ministres des Affaires étrangères des deux pays lors d’une cérémonie prévue le 27 juin, à Washington, en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Cette étape est présentée par les diplomates américains comme « indispensable » pour garantir l’engagement des deux États et poser les bases d’un sommet présidentiel inédit entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame.
La médiation américaine marque un tournant. Après des années de retrait diplomatique sur ce dossier, Washington semble vouloir reprendre la main dans les efforts de paix dans la région des Grands Lacs. La perspective d’une rencontre entre les chefs d’État, supervisée par Donald Trump, suggère une volonté américaine de capitaliser sur un possible succès diplomatique à fort impact symbolique à l’approche de la présidentielle américaine de novembre 2025.
Malgré cet apparent progrès, plusieurs obstacles demeurent : l’intégration des groupes armés non étatiques, la coordination sécuritaire transfrontalière, ou encore l’adhésion réelle des acteurs régionaux à une dynamique de paix. Le scepticisme reste fort sur le terrain, où la population attend des actes concrets, loin des signatures solennelles et des engagements diplomatiques non tenus. Pour l’heure, ce préaccord n’est qu’un jalon, pas encore une garantie de paix durable.