L’armée malienne a annoncé, mardi 1er juillet, avoir été la cible d’attaques simultanées dans sept localités de l’ouest du pays, dont Kayes, Nioro du Sahel, et Diboli, proche de la frontière sénégalaise. Les assauts, survenus à l’aube, ont visé des positions militaires, des commissariats et des postes de douane. Des tirs nourris ont été rapportés par des habitants, notamment à Kayes, où des affrontements intenses se poursuivaient dans la matinée.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, l’état-major malien a confirmé des attaques « coordonnées » contre les Forces armées maliennes (FAMa) dans les villes de Kayes, Niono, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli et Gogui. Plusieurs sources locales et sécuritaires ont corroboré les informations, évoquant la présence de djihadistes armés circulant en pick-up et des échanges de tirs dans les zones visées. À Kayes, ville stratégique de l’Ouest malien, des témoins ont décrit des scènes de panique, des colonnes de fumée, et des tirs en direction de bâtiments officiels.
Ces offensives s’inscrivent dans un climat sécuritaire délétère qui frappe le Mali depuis plus d’une décennie. Depuis 2012, le pays est confronté à une insurrection djihadiste persistante, nourrie par des groupes liés à Al-Qaïda, à l’État islamique et par des milices locales. Le centre et le nord du territoire sont les plus touchés, mais ces dernières attaques démontrent une intensification inquiétante dans l’ouest, région jusqu’ici relativement épargnée. La proximité de ces attaques avec la frontière sénégalaise marque un tournant préoccupant.
Cette série d’attaques coordonnées soulève plusieurs inquiétudes. D’une part, elle met en lumière la capacité de nuisance intacte des groupes armés, malgré les opérations militaires menées par les autorités de transition. D’autre part, elle pourrait déstabiliser des zones frontalières jusqu’ici considérées comme plus sûres, exposant davantage le Sénégal et la Mauritanie. Ces événements pourraient aussi affaiblir le moral des troupes maliennes, déjà éprouvées par de lourdes pertes récentes, notamment lors des offensives du 2 juin à Tombouctou et dans le centre du pays.
Les récits recueillis par l’AFP dressent un tableau alarmant de la situation sur place. À Kayes, des habitants ont affirmé s’être réfugiés chez eux, tandis que les tirs se poursuivaient autour du camp militaire et des commissariats. À Diboli, des bâtiments publics, dont les postes de police et de douane, ont été criblés de balles. « Nous nous sommes réveillés sous les tirs », a confié un résident. À Nioro, un élu local a précisé que les attaques ont eu lieu au même moment, vers 5h40, dans plusieurs villes.
En dépit de ses efforts pour sécuriser le territoire, l’armée malienne semble en difficulté pour contenir la mobilité et la coordination des groupes djihadistes. Ces derniers multiplient les opérations éclair dans des zones où leur présence était moins manifeste jusqu’à récemment. Le choix de cibler des postes frontaliers comme Diboli traduit peut-être une volonté d’étendre leur emprise vers les pays voisins ou de perturber les axes logistiques. Face à cela, les autorités devront redéfinir leurs priorités stratégiques et renforcer la coopération sécuritaire régionale, si elles veulent éviter une extension du conflit à l’ouest.