Le potentiel de croissance de l’économie digitale en Afrique est énorme comparativement aux autres régions du monde. Sur le continent, le taux de pénétration d’Internet n’est que de 33% et celui de la téléphonie mobile large-bande se limite à 41%.
La taille de l’économie digitale en Afrique devrait se multiplier par six d’ici 2050, pour atteindre 712 milliards de dollars contre 115 milliards de dollars actuellement, a estimé le réseau international d’entrepreneurs à fort impact Endeavor dans un rapport publié le 9 juin 2022.
Intitulé « Le point d’inflexion : L’économie digitale en Afrique est sur le point de décoller », le rapport précise que le continent représente «la prochaine frontière de croissance » de l’économie numérique.
Boostée par la pandémie de Covid-19 ces dernières années, la croissance de l’économie digitale en Afrique repose essentiellement sur trois facteurs : la pénétration montante des outils numériques auprès des populations, l’urbanisation galopante, la hausse des dépenses de consommation et la forte croissance économique.
D’ici 2030, les dépenses de consommation devraient en effet atteindre 2500 milliards de dollars sur le continent. En 2025, un utilisateur d’Internet sur six dans le monde se trouvera en Afrique alors que 33% des nouveaux abonnements à la téléphonie mobile proviendront de l’Afrique subsaharienne.
Un impact significatif sur les économies africaines
Endeavor estime également que le potentiel de croissance de l’économie digitale en Afrique demeure très élevé par rapport aux autres régions du monde. D’autant plus que la marge de progression est énorme. 33% seulement des Africains utilisent Internet contre une moyenne mondiale de 63%, tandis que le taux de pénétration de la téléphonie mobile à large bande n’est que 41% en Afrique contre une moyenne de 83% à l’échelle planétaire.
D’autre part, l’opportunité numérique se concentre actuellement dans quatre pays du continent. Le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Kenya. Ces pays accaparent 51 % de l’ensemble des abonnements à la téléphonie mobile sur le continent, 50% des développeurs de logiciels et 73% des accélérateurs de start-up.
Malgré les écarts entre les divers pays, la croissance de l’économie numérique devrait avoir un impact significatif sur les économies africaines. Le PIB par habitant devrait augmenter de 2,5 % pour chaque augmentation de 10 % de la pénétration de la téléphonie mobile, et de 1,9 % pour chaque augmentation de 10 % de la numérisation (conversion de l’information sur un support numérique).
44 millions d’emplois pourraient aussi être créés si le taux de pénétration d’Internet en Afrique atteignait 75 %, et 3 millions d’emplois seront créés par les marketplaces d’ici 2025.
Des opportunités croissantes pour les investisseurs
L’économie digitale attire d’ores et déjà des financements considérables en Afrique. Les investissements dans les strat-up opérant sur le continent ont été multipliés par 18 entre 2015 et 2021. Entre 2020 et 2021, ces investissements ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne mondiale.
L’augmentation du nombre de méga-tours de table (plus de 50 millions de dollars), des événements de liquidité et de licornes renforce par ailleurs le sentiment d’excitation des investisseurs quant aux opportunités numériques sur le continent.
Depuis 2011, il y a eu 7 événements de liquidité de plus de 50 millions de dollars et plus de 20 méga-tours de table de plus de 50 millions de dollars. En outre, l’Afrique a produit 11 licornes au cours des six dernières années, dont Jumia, Interswitch, Opay et Flutterwave, alors que le temps nécessaire à une start-up africaine pour devenir une licorne diminue rapidement.
Dans les années à venir, les opportunités existeront aussi bien dans le pré-amorçage, l’amorçage et l’early stage que dans le scale-up et la sortie. Endeavor note cependant qu’un « espace blanc » demeure important. En raison du nombre important de transactions dans la fourchette 0,2-5 millions de dollars enregistrées en 2021 (600 levées de fonds) par rapport à la tranche de 5 à 50 millions USD (150 levées), il est probable qu’il y ait une pénurie de l’offre de financements lorsque les entreprises ayant levé entre 1 à 5 millions auront besoin de capitaux supplémentaires pour se développer davantage. Pour combler ce vide, les investisseurs devront envisager d’ajuster la taille de leurs tickets
Dans ce cadre, les auteurs du rapport recommandent aux investisseurs internationaux qui cherchent à accompagner le développement des pépites de la tech africaine de renseigner davantage sur les marchés du continent, en collaborant avec les incubateurs et les accélérateurs locaux.
Source: Agence Ecofin