Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a exprimé de vives inquiétudes concernant la gestion du dossier algérien, menaçant de quitter le gouvernement si la France cède sur la question de l’expulsion des ressortissants algériens en situation irrégulière. Dans un entretien accordé au journal Le Parisien le 15 mars, Retailleau a clairement indiqué que sa mission, en tant que ministre, est de protéger les Français et qu’il refuserait catégoriquement toute concession sur ce sujet, qui est selon lui essentiel pour la sécurité du pays.
Cette déclaration intervient dans un contexte tendu, marqué par l’incident tragique du 22 février à Mulhouse, où un attentat a coûté la vie à un citoyen français, perpétré par un ressortissant algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Bruno Retailleau, qui n’a cessé de critiquer la position d’Alger, appelle à une “riposte graduée” contre l’Algérie si le pays refuse d’accepter ses ressortissants expulsés. Le ministre annonce qu’une première liste de soixante Algériens devant être renvoyés en Algérie a déjà été établie par les autorités françaises.
Les relations entre la France et l’Algérie ont été particulièrement tendues ces dernières années, exacerbées par des décisions politiques majeures. En juillet 2023, la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a encore dégradé les liens bilatéraux. Ce climat a conduit à des réactions fermes de part et d’autre, notamment du côté algérien, qui a exprimé son mécontentement. En parallèle, l’accord de 1968, qui offre un statut privilégié aux Algériens en France, est devenu un point de friction. François Bayrou, Premier ministre, a d’ailleurs évoqué la possibilité de dénoncer cet accord si Alger ne se conformait pas aux exigences françaises dans les six semaines.
Si l’Algérie continue de refuser la réadmission de ses ressortissants, le gouvernement français envisage des mesures de rétorsion, incluant la remise en cause de l’accord de 1968, qui régit les conditions de circulation et de séjour des Algériens en France. Une telle décision pourrait avoir des conséquences importantes pour la relation entre les deux pays, notamment dans le domaine de l’immigration, mais aussi pour les accords économiques et politiques existants. Emmanuel Macron a toutefois opté pour une approche plus modérée en proposant une renégociation de cet accord plutôt que sa dénonciation pure et simple.
Les tensions entre Paris et Alger ne sont pas uniquement diplomatiques. Elles trouvent également écho dans les communautés franco-algériennes, qui ressentent l’impact de cette froideur politique sur les relations sociales et culturelles entre les deux nations. L’incarcération en novembre dernier de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui a provoqué de vives réactions en France, est un autre symptôme des dissensions profondes. Le climat actuel soulève des interrogations sur la capacité des deux pays à renouer un dialogue constructif, comme l’a suggéré le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a appelé à une reprise du dialogue avec la France pour apaiser les tensions.
Dans ce contexte complexe, la position de Bruno Retailleau se distingue par sa fermeté, mettant la sécurité nationale au premier plan. Si la situation ne se résout pas rapidement, elle risque de prolonger une période d’incertitude dans les relations franco-algériennes, avec des implications potentiellement graves pour la coopération bilatérale, qu’elle soit politique, économique ou culturelle.