Depuis début février, le Burundi fait face à un afflux massif de réfugiés fuyant le conflit entre le M23 et l’armée congolaise dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Près de 70 000 personnes se sont réfugiées dans ce petit pays d’Afrique de l’Est, portant à 160 000 le nombre total de réfugiés congolais actuellement pris en charge. Face à cette situation d’urgence, les autorités burundaises et les organisations humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU, se trouvent confrontées à d’énormes défis pour répondre aux besoins vitaux des déplacés.
L’afflux massif de réfugiés a mis à rude épreuve les infrastructures du Burundi. Beaucoup de réfugiés arrivent totalement démunis, n’ayant pu emporter que les vêtements qu’ils portaient. Parmi ces déplacés, une majorité sont des femmes, des enfants et des personnes âgées. Les centres de réception temporaires, comme les écoles et les stades, ont été transformés en abris, mais les conditions de vie sont très précaires. Le stade de Rugombo, l’un des principaux centres d’accueil, abrite à lui seul 40 000 personnes, un nombre bien supérieur à sa capacité d’accueil. L’accès aux soins de santé reste limité, et des risques sanitaires, notamment la propagation du choléra, inquiètent les autorités.
Ce nouvel afflux de réfugiés fait suite à une situation déjà tragique dans la région. Depuis plusieurs mois, l’est de la RDC est le théâtre d’affrontements violents entre les forces armées congolaises et le M23, un groupe rebelle d’origine rwandaise. Les combats ont engendré des déplacements massifs de populations, forçant des centaines de milliers de Congolais à fuir vers les pays voisins, dont le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime que plus de 100 000 personnes ont quitté la RDC depuis janvier 2025, cherchant refuge dans ces pays d’accueil déjà fragilisés par d’autres crises.
Les perspectives de soutien à long terme sont préoccupantes. Le Programme alimentaire mondial alerte sur le manque de ressources pour répondre aux besoins croissants des réfugiés. Bien que des repas chauds aient été fournis grâce à la mobilisation des équipes humanitaires, la situation risque de se dégrader davantage. Christine Coudour, responsable des partenariats au PAM au Burundi, a précisé que la situation pourrait empirer à partir du mois de juillet si des fonds supplémentaires ne sont pas alloués. Le PAM a estimé qu’il lui faudrait 20 millions de dollars supplémentaires pour maintenir l’aide alimentaire pour les réfugiés jusqu’à la fin de l’année.
Mission to Cibitoke, Burundi by EUSR @JBorgstam. More than 60 000 women, children & men displaced January onwards by escalating violence in eastern DRC. Thousands temporarily “housed” in Rugombo stadium. EU works with Govt of Burundi & partners such as UNHCR @Refugees @WHO @ICRC pic.twitter.com/u62FvOjdGf
— EUSR Great Lakes (@EUSR_GL) March 19, 2025
Le PAM et les autres agences humanitaires font face à un défi de taille en raison des ressources limitées. La réduction des rations alimentaires est déjà une réalité, et la propagation de maladies transmissibles, comme le choléra, reste une menace constante. La promiscuité dans les centres d’accueil, le manque d’infrastructures sanitaires adéquates et la difficulté d’accès aux soins créent un terreau propice à l’apparition de nouvelles épidémies. À ce jour, huit cas suspects de choléra ont déjà été recensés, un indicateur inquiétant de la situation sanitaire dans les camps.
La communauté internationale se voit ainsi interpellée par cette crise humanitaire. Si les efforts de solidarité restent essentiels pour soutenir le Burundi, la pression sur les pays d’accueil pourrait bien dépasser leurs capacités. Dans ce contexte, une coopération régionale renforcée et un soutien accru des bailleurs de fonds internationaux s’avèrent indispensables pour éviter que la situation ne devienne ingérable. Le Burundi, déjà un des pays les plus pauvres du monde, se retrouve au cœur d’une crise humanitaire qui nécessitera une réponse coordonnée à l’échelle internationale pour répondre aux besoins immédiats des réfugiés et garantir leur sécurité et leur dignité.