Si la présence de Guillaume Soro aux frontières ivoiriennes avait semblé anecdotique les premiers jours, elle a depuis fourni des raisons supplémentaires au régime d’Alassane Ouattara d’élever son niveau d’alerte sécuritaire et renforcer la surveillance de ses opposants.
Le premier à l’avoir payé cher est l’activiste ivoirien Stive Biko qui vivait en Mauritanie. Le 17 novembre dernier, aux premières lueurs du jour, ce blogueur proche de l’opposition ivoirienne a été arrêté à son domicile de Nouakchott avant d’être extradé en Côte d’Ivoire.
A ce jour, personne ne sait où il est détenu. Le gouvernement ivoirien n’a pas encore officiellement communiqué sur les raisons de cette arrestation qui a nécessité la mobilisation des services d’Interpol et l’envoi d’un Gruman présidentiel dans la capitale mauritanienne. Quant à Charles Blé Goudé, l’ancien leader de la galaxie patriotique qui avait coupé les ponts avec Laurent Gbagbo à son arrivée à Abidjan pour être plus fréquentable aux yeux du pouvoir ivoirien, il a dû renoncer, dimanche dernier, à la fête du premier anniversaire de son retour en Côte d’Ivoire.
Samedi, Blé Goudé a même semblé comprendre ladite mesure d’interdiction qui venait de lui être communiquée quelques heures plus tôt par le directeur adjoint de la police ivoirienne. Mais il a fini par se rendre compte, dimanche, que de nombreux événements qui déplacent des foules ont été organisés à Abidjan et à l’intérieur du pays, dont le semi-marathon d’Abidjan qui a vu la participation de l’icône ivoirienne de Chelsea, Didier Drogba, et un concert artistique dans la capitale politique ivoirienne, tandis qu’à Lakota, Laurent Gbagbo a animé un meeting qui a mobilisé des milliers de militants.
La présence de Guillaume Soro dans l’un des pays formant l’Alliance des Etats du Sahel rendrait particulièrement nerveux le régime, a affirmé un policier sous couvert de l’anonymat. Samedi, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, qui présidait à Saïoua, à 400 Kms d’Abidjan, une cérémonie d’intronisation du nouveau maire RHDP de la ville, a estimé qu’il n’y aucune chance pour un coup d’Etat en Côte d’Ivoire, expliquant néanmoins que Guillaume Soro n’avait pas à menacer s’il veut retourner dans son pays. « Ce que je veux dire à cette personne, c’est que bien avant elle, il y a des gens qui étaient en exil et qui sont rentrés (…) Mais on ne se promène pas dans les pays dont les régimes ont été condamnés par la communauté internationale », a-t-il mis en garde.
A Abidjan, la surveillance policière et militaire s’est largement intensifiée ces derniers jours. La Côte d’Ivoire organise la prochaine coupe d’Afrique des nations qui aura lieu en janvier 2024. Le gouvernement ivoirien s’attend à une grande fête sportive et compte sur cette compétition pour présenter au monde les infrastructures réalisées par le gouvernement d’Alassane Ouattara. A deux ans de l’élection présidentielle, le régime espère projeter l’image d’un pays en plein essor et ne peut donc tolérer aucune menace, à commencer par celle qui s’installe à ses frontières nord.
Source : Mondafrique