La Côte d’Ivoire a franchi un cap important dans la production d’or, atteignant plus de 50 tonnes en 2023. Le pays, qui a connu une reprise spectaculaire depuis la fin de la crise politique de 2011, ne compte pas s’arrêter là. Son objectif est clair : devenir l’un des plus grands producteurs d’or du continent africain, rivalisant avec le Ghana, qui a produit 114 tonnes d’or en 2023. D’ici 2030, la Côte d’Ivoire vise à atteindre une production d’or équivalente à celle de son voisin ghanéen.
Pour y parvenir, la Côte d’Ivoire prévoit de produire 62 tonnes d’or en 2025, un chiffre en légère hausse par rapport à la production de 58 tonnes estimée pour 2024. Jean-Claude Diplo, ancien président du Groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI), a souligné que l’objectif est non seulement d’égaliser le niveau de production du Ghana, mais aussi de dépasser le Mali et le Burkina Faso, deux pays voisins producteurs d’or. En 2023, la production d’or du Ghana a dépassé les 4 millions d’onces (environ 114 tonnes), et la Côte d’Ivoire cherche à rattraper cet écart dans les années à venir.
Le contexte économique et minier de la Côte d’Ivoire a largement évolué ces dernières années. Le pays bénéficie d’un environnement stable et d’investissements dans de grandes exploitations aurifères, comme la mine de Koné en construction à 350 km au nord-ouest de Yamoussoukro. Ce projet, prévu pour entrer en production en 2027, pourrait faire de Koné la plus grande mine d’or du pays, avec des prévisions de production atteignant 349 000 onces par an. Ces projets viennent s’ajouter aux mines existantes telles que Lafigué, Abujar, et Séguéla, qui participent déjà à l’essor de la production.
Cependant, la Côte d’Ivoire se trouve face à plusieurs défis pour réaliser cette ambition. Bien que la production industrielle d’or du pays ait déjà dépassé celle du Mali et du Burkina Faso en 2024, la production artisanale, difficile à quantifier, reste un facteur clé. En effet, selon SWISSAID, environ 30 à 40 tonnes d’or seraient produites de manière artisanale et exportées illégalement chaque année. L’un des défis majeurs pour le gouvernement ivoirien sera donc de mieux organiser ce secteur afin d’en maximiser les bénéfices pour l’économie nationale.
En outre, la Côte d’Ivoire devra gérer des problématiques environnementales et sociales liées à l’exploitation minière. L’augmentation de la production d’or pourrait également aggraver des tensions autour de l’exploitation illégale et des conflits fonciers, notamment dans les régions où les activités minières artisanales sont omniprésentes. Le gouvernement devra trouver un équilibre entre l’industrialisation de l’extraction de l’or et la régulation des pratiques artisanales, dans un contexte où l’or reste une ressource stratégique et convoitée.
Les perspectives pour l’industrie aurifère ivoirienne sont prometteuses, mais elles dépendent de la capacité du gouvernement à relever les défis liés à la régulation du secteur artisanal et à l’atteinte des objectifs de production fixés. Si ces efforts se concrétisent, la Côte d’Ivoire pourrait bien devenir l’un des géants de l’or en Afrique dans les années à venir, consolidant sa place parmi les principaux acteurs économiques du continent.