Les géants du secteur sont présents au Cap en Afrique du Sud pour la conférence Mining Indaba. Un retour en présentiel pour ce rendez-vous incontournable de l’industrie minière après deux ans d’absence due à l’épidémie de Covid-19. Cette année, la profession n’a qu’un mot à la bouche : décarbonation.
L’important dans un salon, c’est de se faire remarquer. Et c’est réussi pour le groupe Anglo American qui dès la semaine dernière dévoilait un engin révolutionnaire. Le plus gros camion du monde propulsé à l’hydrogène. Un prototype sur lequel Carl van den Ordel travaille depuis deux ans et qu’il juge très prometteur : « À titre de comparaison, le même camion, sans moteur hydrogène consomme entre 3500 et 4500 litres de diesel par jour. L’objectif est d’équiper l’ensemble de nos mines et d’atteindre la neutralité carbone dans 8 de nos mines en 2030 et l’ensemble du groupe en 2040 ».
Light on emissions.
Light on the environment.
And fuelled by the lightest element on earth – hydrogen gas.Our nuGen™ hydrogen truck is on the move.
Learn more here: https://t.co/SCyNmcL1GG pic.twitter.com/JGuyo6XWr0
— Anglo American (@AngloAmerican) May 6, 2022
En équipant 40 camions de moteurs à hydrogène, le groupe Anglo American pourrait économiser 1 million de litres de diesel par an. Cette innovation a été saluée par le ministre sud-africain de l’Énergie et des ressources minérales, Gwede Mantashe : « Je suis persuadé qu’on verra plusieurs flottes de camions à hydrogène en Afrique du Sud d’ici à la fin de la décennie. C’est en Afrique que ça se passe, c’est en Afrique que ça marche. Investisseurs, s’il vous plaît, venez en Afrique, c’est ici que le futur est en marche ».
Vers une neutralité carbone
La chasse au diesel ne doit pas s’arrêter aux camions qui opèrent sur les mines. L’industrie est dépendante des poids lourds qui transportent le cobalt, le cuivre, le charbon, des zones d’extraction jusqu’aux ports. Le nouveau président de la Zambie, Hakainde Hichilema, a appelé à une meilleure intégration ferroviaire régionale. « Il est impératif que nous travaillons ensemble : l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, la Zambie et la RDC. Vraiment, nous devons trouver un terrain d’entente pour réparer notre chemin de fer pour le transport de nos biens et de nos services … le secteur minier compris ».
Investir dans la transition énergétique, c’est l’un des thèmes de ce salon Mining Indaba. L’industrie minière se projette jusqu’en 2050. Et 2050, c’est justement l’objectif que s’est fixé l’entreprise Vedanta Ressources pour atteindre la neutralité carbone, explication de Chamelle Kearns en charge des innovations pour le groupe : « On travaille à devenir des producteurs de métal écolo. C’est-à-dire qu’on fait en sorte de réduire nos émissions de carbone en utilisant des énergies renouvelables à l’échelle du groupe. Quand vous regardez toutes les présentations qui ont été faites, vous voyez vraiment que la réduction de l’empreinte carbone, la prise de conscience de l’industrie sont des objectifs partagés ».
Favoriser le développement durable des économies minières africaines
La course pour un verdissement des activités minières, fait les affaires des consultants en transition énergétique, comme Mark Dickson. Il travaille pour le cabinet DSS, et il voit le potentiel qu’il reste à débloquer : « Tout le monde s’est habillé en vert ! Il y a eu des efforts dans l’électrification des équipements, dans l’introduction de l’hydrogène comme carburant… en revanche, moins de promesses à réduire les émissions de CO2. Mais c’est compréhensible, les grosses industries doivent faire attention à leurs actionnaires. Les militants climatiques parlent du zéro émission de carbone comme l’objectif absolu. Je ne le remets pas en question, mais il ne faut pas sous-estimer la complexité et les défis incroyables que cela représente pour l’industrie. »
La flambée des prix de l’énergie, évoquée pendant le salon, devrait convaincre l’industrie minière de faire des économies en tournant le dos aux énergies fossiles.