Le gouvernement nigérien a ordonné aux sociétés pétrolières chinoises de renvoyer d’ici la fin du mois leurs expatriés en poste depuis plus de quatre ans. Une décision annoncée par le ministre du Pétrole, Sahabi Oumarou, qui a adressé plusieurs courriers à ces compagnies, pointant leur non-respect des règles nationales.
Le ministre accuse ces sociétés de « mépris » envers la réglementation locale et demande que la compagnie CNPC résilie les contrats des employés concernés. Selon des responsables de Soraz, qui gère la raffinerie de Zinder, plusieurs dizaines d’expatriés sont visés. Bien que le ministre ait précisé que les cas pourraient être étudiés individuellement pour éviter de perturber les opérations, la décision témoigne d’un durcissement des relations.
Les tensions entre Niamey et les compagnies chinoises ne sont pas nouvelles. En mars, des dirigeants de CNPC, Soraz et Wapco avaient été expulsés, signe d’une méfiance croissante. Le Niger, bien que dépendant du pétrole pour ses exportations et lié à la Chine par un partenariat stratégique, peine à contrôler l’activité de ces entreprises. Ce déséquilibre alimente les frustrations côté nigérien.
Au-delà de ces expulsions, Niamey exige de la CNPC le paiement d’arriérés d’impôts et réclame la révision des contrats passés avec les sociétés chinoises. La compagnie chinoise avait pourtant accordé une avance de 400 millions de dollars cette année. Ces exigences s’inscrivent dans une volonté affichée des autorités nigériennes de renforcer leur souveraineté et d’obtenir un meilleur partage des bénéfices du secteur.
Cette crise pourrait affecter durablement les relations entre le Niger et la Chine, remettant en cause la stabilité des opérations pétrolières. Le départ massif des expatriés pourrait ralentir la production et fragiliser la raffinerie de Zinder, cœur du système. D’autant que la montée des exigences nigériennes, face à un partenaire peu enclin à céder, risque de prolonger le bras de fer.
En filigrane, cette confrontation met en lumière les faiblesses structurelles du secteur pétrolier nigérien : dépendance à un partenaire unique, manque de capacités nationales pour superviser les activités, et un équilibre précaire entre développement économique et affirmation de la souveraineté. Une situation qui pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés aux mêmes défis.