Au Burundi, comme dans les autres pays du monde, les femmes sont sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir décisionnel. Et pourtant, la participation équitable et le leadership des femmes dans la vie politique et publique sont essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030, selon l’ONU Femmes.
Selon une étude faite par l’AFRABU sur la participation de la femme dans les instances de prise de décision en 2016, le taux de représentativité féminine reste à un niveau très bas. Pourtant, il est important de non seulement les inclure dans le gouvernement, mais aussi de les encadrer suffisamment pour une représentation plus inclusive.
Selon cette étude, la moyenne générale dégagée à partir de la matrice d’observation des différents taux remarqués dans différents secteurs de la vie nationale était de 17% seulement.
Plusieurs défis entravent la participation de la femme dans les instances de prise de décisions
Le manque de temps, de la genèse masculine des partis politiques, l’auto-marginalisation des femmes, la pauvreté, le statut social inférieur de la femme, manque de politique claire sur la participation politique de la femme, la place politique réservée à la femme par les textes règlementaires des partis politiques qui est insignifiante, l’absence de solidarité entre les femmes sont des defis evoqués par les femmes qui ont participé dans un atelier de réflexion sur la problématique de la participation de la femme dans les postes de prise de décision, organisé en 2021 à l’endroit des femmes parlementaires et représentantes des ligues des femmes des différents partis politiques au Burundi.
Les autres défis évoqués ont été les attitudes négatives des maris et les préjugés machinistes des hommes en général, absence de l’approche genre dans le fonctionnement des partis politiques, manque de motivation des femmes ainsi que le quota de 30% qui n’est pas encourageant.
Selon l’AFRABU, une association sans but lucratif initiée par quelques femmes rapatriées en 2002, les femmes sont confrontées à deux sortes d’obstacles sur la voie de la participation à la vie politique. D’une part, des entraves structurelles causées par des lois et des institutions discriminatoires qui réduisent encore aujourd’hui leurs possibilités de voter ou de se porter candidates à un mandat politique. D’autre part, faute de moyens, les femmes ont moins de chances que les hommes de suivre une formation, de nouer les contacts et de bénéficier des ressources nécessaires pour devenir des dirigeantes performantes.
L’évolution de la femme dans les instances de prise de décision
Selon le Bulletin Officiel du Burundi, depuis 1961, aucune femme n’a fait partie d’un gouvernement. C’est seulement à partir de 1984 sous la Deuxième République que 2 femmes entrent au gouvernement pour occuper des postes à caractère social.
Pour le décret présidentiel n°1/13 du 3 mars 1971 portant modification de la composition du gouvernement, sur 11 ministres, aucune femme n’a fait partie.
Pour le décret présidentiel n°500/78 du 14 juillet 1972 portant composition du gouvernement du Burundi, sur 14 ministres, aucune femme n’a fait partie.
Pour le décret présidentiel n°100/273 du 11 novembre 1974 portant organisation, fonctionnement et composition du nouveau gouvernement, sur 12 ministres, aucune femme n’a fait partie.
Pour le décret présidentiel n°100/259 du 13 novembre 1976, portant composition du ggouvernement de la République du Burundi, sur 13 ministres et 3 secrétaires d’Etat, aucune femme n’a fait partie.
Pour le décret présidentiel n° 100/103 du 14 septembre 1984 portant composition du gouvernement de la République du Burundi, sur 19 ministres, 2 femmes dont Caritas Mategeko, et Euphrasie Kandeke, ont été nommées pour les postes du Ministre des affaires sociales et Ministre de la condition féminine.
Pour le décret n°100/009 du 01 octobre 1987 portant composition du gouvernement de la République du Burundi, sur 20 ministres, 2 femmes dont Dorothée Cishahayo, et Pia Ndayiragije, ont été nommées Ministre des Affaires Sociales et Ministre de la Famille et de la Promotion Féminine.
Pour le décret n° 100/165 du 19 octobre 1988 portant composition du gouvernement de la République du Burundi, sur 22 ministres et 2 secrétaires d’Etat, 2 femmes ont fait partie.
Le Président Melchior Ndadaye, élu en juin 1993, a également nommé une femme au poste de premier Ministre.
La femme et la prise de décision dans la Communauté d’Afrique de l’Est
Bien qu’elles représentent plus de 60% de la population de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), les femmes restent marginalisées dans les processus de décision et elles ont un accès limité à l’éducation, aux finances et aux technologies de l’information et de la communication par comparaison aux hommes, selon le communiqué publié par le siège de l’EAC en mars 2022.
L’article 5 du Traité portant création de l’EAC appelle à la promotion de la parité entre les genres dans toutes ses missions, et au renforcement du rôle des femmes dans le développement culturel, social, politique, économique et technologique.
Les femmes dans les postes à haute responsabilité de l’Etat en 2022
A partir du 19 septembre 2022, il y a 28 pays où 30 femmes sont chefs d’État et/ou de gouvernement. Seulement 13 pays ont une femme comme chef d’État, et seulement 15 pays ont une femme comme chef de gouvernement.
21 % des ministres de gouvernement étaient des femmes, et seulement 14 pays comptent 50% ou plus de femmes au sein de leurs cabinets. Avec une augmentation annuelle de seulement 0,52 point de pourcentage, la parité entre les sexes dans les postes ministériels ne sera pas atteinte avant 2077.
Les portefeuilles les plus fréquemment détenus par les femmes ministres sont : Famille, enfants, jeunes, personnes âgées en situation de handicap; suivis par les affaires sociales; l’environnement, les ressources naturelles, l’énergie, l’emploi, le travail, la formation professionnelle, et la condition féminine et l’égalité des sexes.
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