Le 28 novembre, le gouvernement tchadien a annoncé qu’il mettait fin à l’accord de défense avec la France. Cette décision surprenante est survenue juste après la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à N’Djamena, la capitale du Tchad. Beaucoup pensaient que cette rencontre allait renforcer les relations entre les deux pays, mais l’annonce de la rupture a surpris à la fois les observateurs et les autorités françaises.
Cette décision intervient à un moment où les relations entre le Tchad et la France semblaient s’améliorer. En septembre, le président tchadien Mahamat Idriss Déby s’était rendu à Paris et avait rencontré le président français Emmanuel Macron. Pourtant, des enquêtes menées en France sur les biens de la famille Déby ont causé des frictions. Lors de la dernière visite de la diplomatie française, le manque de soutien de la France face à une récente attaque de Boko Haram a aggravé la situation. Selon des sources tchadiennes, le fait que la France n’ait pas aidé militairement face à cette attaque dans la région du Lac Tchad a particulièrement irrité Mahamat Idriss Déby.
La crise actuelle entre le Tchad et la France repose en grande partie sur une méfiance croissante et un manque de coordination militaire. Lors d’une attaque de Boko Haram contre une base de l’armée tchadienne en octobre, les autorités tchadiennes ont reproché à la France de ne pas avoir partagé des renseignements cruciaux sur les mouvements des jihadistes, ni fourni le soutien aérien demandé. Pour le Tchad, ce manque de soutien a été perçu comme un signe de désintérêt, renforçant les tensions déjà présentes entre les deux pays.
La rencontre entre Mahamat Idriss Déby et Jean-Noël Barrot a également révélé des désaccords sur des sujets importants. Par exemple, le ministre français a demandé au Tchad de rester neutre dans la crise soudanaise, alors que N’Djamena est accusé de soutenir les rebelles du général Hemedti. En plus, la France a suggéré de reporter les élections législatives et locales prévues pour le 29 décembre afin de les rendre plus inclusives. Ces suggestions ont provoqué une vive réaction du président Déby, qui y a vu une ingérence dans les affaires intérieures de son pays.
Les autorités tchadiennes ont exprimé leur frustration face à ce qu’elles perçoivent comme de l’arrogance de la part de la France. Le désaccord sur la situation au Soudan et l’impression d’une intervention dans le calendrier électoral tchadien ont exacerbé les tensions. Mahamat Idriss Déby a alors pris la décision de dénoncer l’accord de défense, un élément clé de la relation bilatérale avec la France, pour montrer son mécontentement et réaffirmer l’indépendance du Tchad.
Cette rupture marque un véritable tournant dans les relations entre le Tchad et la France. Alors que la présence militaire française en Afrique est de plus en plus contestée, cette décision risque de fragiliser encore plus la position de Paris dans la région. Pour le Tchad, il s’agit de montrer qu’il est capable de prendre des décisions souveraines et qu’il ne tolérera plus ce qu’il considère comme des ingérences. Les prochains mois seront cruciaux pour voir comment cette relation évoluera.