Depuis le début de la guerre entre Moscou et Kiev, les pays du continent observent une certaine neutralité et refusent dans leur ensemble de s’aligner sur les positions occidentales.
En témoignent les récents efforts du chancelier allemand Olaf Scholz au cours de sa tournée africaine pour obtenir un soutien en faveur du camp occidental face à la Russie. Des efforts qui ont été vains…
« Olaf Scholz peine à convaincre l’Afrique », titre WalfQuotidien à Dakar. « Avec les présidents Macky Sall du Sénégal et Cyrille Ramaphosa d’Afrique du Sud, un principal point a fait l’objet de désaccord entre dirigeants allemand et africains, relève le quotidien sénégalais : celui de soutenir les Occidentaux devant la Russie à propos de la guerre en Ukraine. Sur ce, Macky Sall garde le même discours équidistant sur les parties en conflit. Même s’il est d’avis que le conflit affecte l’Afrique, il précise néanmoins qu’il se déroule sur un autre continent. ‘Nous voulons la paix, même si nous condamnons l’invasion. Nous travaillons, nous, pour qu’il y ait une désescalade’, préconise le président du Sénégal qui prône ‘une paix juste pour l’Ukraine, pour la Russie aussi’. Ce qui est clair. »
Et WalfQuotidien de rappeler qu’en mars dernier, à l’Onu, le Sénégal tout comme l’Afrique du Sud s’étaient abstenus de voter la résolution onusienne condamnant la Russie face à l’Ukraine. Et plus largement, pointe encore le quotidien sénégalais, « de nombreux pays africains savent que ce conflit n’est pas le leur et sont conscients que se mettre à dos la Russie serait à leur désavantage dans leur processus de développement socio-économique. »
Macky Sall faiseur de paix ?
A l’occasion de la visite du chancelier allemand, Macky Sall a annoncé qu’il allait prochainement mener une mission de bons offices à Moscou et à Kiev, au nom de son pays mais aussi au nom de l’Union africaine, qu’il préside en ce moment.
Mais y-a-t-il convergence de vue entre les pays du continent ? « L’Egypte, le Zimbabwe, l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Mali et la Guinée équatoriale ont déjà repris les affaires avec la Russie, constate Le Journal de l’Afrique. Les engagements de certains pays africains vis-à-vis de la pénurie énergétique en Europe ne les ont pas empêchés de continuer à avoir des rapports cordiaux avec Moscou. (…) Le président sénégalais affirme avoir été ‘mandaté par d’autres chefs d’Etat africains’. Mais afin que sa tournée ne soit pas une perte de temps, Macky Sall ne devrait-il pas aussi s’adresser au président américain Joe Biden ? Ou encore au secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg ? », s’interroge Le Journal de l’Afrique. « Les Etats-Unis et l’Otan sont parties prenantes du conflit ukrainien. L’Union européenne, pour sa part, fait figure d’intermédiaire pour les livraisons d’armes à l’Ukraine. En s’adressant à Poutine et Zelensky, dans un premier temps, Macky Sall a-t-il une quelconque chance de provoquer une désescalade ? »
Céder aux exigences de Poutine ?
Non, répond clairement L’Evénement Niger. C’est « une mission perdue d’avance » : « en effet, pour trouver une solution définitive à cette guerre, Macky Sall devrait discuter avec la Russie certes, mais aussi avec les Etats-Unis. Joe Biden est la véritable clé de cette guerre. Tant que les Etats-Unis continueront à pousser l’OTAN à envoyer des armes à l’Ukraine et que l’Europe se comportera en simple exécutant sans broncher, la guerre ne s’arrêtera pas. (…) Poutine avait déjà révélé ses exigences pour mettre fin à son opération militaire. Il faudrait juste une décision de l’OTAN, estime le site nigérien, pour pousser l’Ukraine à accepter ou renégocier ces éléments afin qu’un compromis soit trouvé. Mais la volonté des Occidentaux d’affaiblir la Russie pour mieux établir leur hégémonie sur le monde semble plus forte que la paix. »
En attendant, déplore L’Evénement Niger, « la crise russo-ukrainienne a interrompu l’approvisionnement en céréales et en huile de cuisine, aggravant l’insécurité alimentaire, en particulier dans les pays africains les plus pauvres en raison de la hausse des prix. »
D’ailleurs, « la guerre du pain est déclarée », titre L’Observateur Paalga au Burkina. L’Observateur qui rapporte que le bras de fer est engagé entre les boulangers, qui veulent faire passer le prix de la baguette de 150 à 200 FCFA, et les autorités qui refusent toute augmentation.