Le 3 mars 2025, le Canada a annoncé des sanctions économiques ciblant le Rwanda, en raison de son implication dans le conflit qui déchire l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Ces mesures comprennent la suspension des exportations de biens et technologies contrôlées vers le Rwanda, ainsi que la cessation de nouvelles initiatives commerciales entre les deux pays. Le Canada met également fin à son soutien pour les missions commerciales et les événements organisés au Rwanda. Cette décision survient dans un contexte où les tensions dans la région des Grands Lacs demeurent vives, et elle reflète la volonté d’Ottawa de condamner l’attitude de Kigali dans cette crise.
Les sanctions canadiennes ne devraient cependant pas avoir un impact majeur sur l’économie rwandaise, compte tenu de la modeste relation commerciale entre les deux pays. En 2023, le commerce bilatéral ne représentait que 13,4 millions de dollars, avec des exportations canadiennes centrées sur des produits comme le blé, des véhicules et des pièces d’avion, tandis que le Rwanda exporte principalement du café et des épices vers le Canada. Le Canada soutenait également certaines entreprises canadiennes opérant dans des secteurs comme les infrastructures et l’énergie au Rwanda. Cependant, l’impact symbolique de cette décision dépasse les simples chiffres économiques, envoyant un signal politique fort à Kigali.
Le conflit dans l’est de la RDC dure depuis des décennies, exacerbant les tensions entre la RDC et ses voisins, notamment le Rwanda. Depuis 1996, des groupes armés, certains soutenus par des puissances régionales, se battent pour le contrôle de ressources naturelles dans la région. Le Rwanda a souvent été accusé de soutenir des rebelles congolais, bien que Kigali ait nié ces accusations. L’implication présumée du Rwanda dans les affrontements récents a ravivé les critiques internationales à l’encontre de son gouvernement, malgré ses efforts de médiation dans le processus de paix. Le rôle de la communauté internationale, y compris du Canada, est devenu crucial dans cette dynamique.
Les sanctions canadiennes pourraient influencer le comportement de Kigali, mais il est peu probable qu’elles entraînent un changement immédiat dans la politique rwandaise. Le Rwanda a exprimé son mécontentement face à ces mesures, accusant le Canada de ne pas tenir compte des efforts de paix dans la région. Les autorités rwandaises jugent que de telles sanctions ne feront qu’aggraver la situation en RDC. Toutefois, les pressions économiques et diplomatiques pourraient inciter Kigali à reconsidérer sa stratégie régionale, particulièrement si d’autres pays suivent l’exemple du Canada.
Dans une réponse officielle, le ministère rwandais des Affaires étrangères a dénoncé les sanctions canadiennes, les qualifiant d’inefficaces pour résoudre le conflit. Selon Kigali, ces mesures ne font qu’entraver les efforts de paix régionaux. Le Rwanda met en avant ses propres initiatives diplomatiques pour favoriser un cessez-le-feu durable et insiste sur le fait que les accusations contre lui sont sans fondement. La position du gouvernement rwandais pourrait renforcer les tensions avec le Canada et d’autres acteurs internationaux qui soutiennent la RDC.
En parallèle aux sanctions économiques, le Canada a annoncé un soutien humanitaire de 15 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents dans l’est de la RDC. Cette aide vise à soulager la souffrance des populations affectées par les violences, mais elle soulève la question de l’efficacité de l’aide humanitaire dans un contexte de conflit prolongé. Les acteurs humanitaires sur le terrain appellent à une solution politique durable, qui pourrait réellement permettre de stabiliser la région et de répondre aux causes profondes du conflit.