Le gouvernement sénégalais a annoncé que l’ex-président Macky Sall, en poste de 2012 à 2024, sera convoqué devant la justice. Il est accusé de mauvaise gestion des finances publiques et de falsification des chiffres dans un rapport récemment publié par la Cour des comptes. Le porte-parole du gouvernement, Moustapha Ndiack Sarré, a insisté sur la gravité des actes imputés à l’ex-président, allant jusqu’à le qualifier de « chef de gang » responsable de crimes financiers. Le ministre a affirmé que Macky Sall ne pourrait échapper aux poursuites judiciaires.
Le rapport de la Cour des comptes, publié le 12 février 2025, a pointé de graves anomalies dans la gestion des finances publiques durant le second mandat de Macky Sall. Des chiffres erronés et des irrégularités ont été révélés, soulignant des dysfonctionnements importants. Macky Sall, actuellement installé au Maroc, a rejeté ces accusations, qualifiant le rapport de « procédé politique » et affirmant qu’il n’avait « peur de rien » face à d’éventuelles poursuites. Le gouvernement, de son côté, affirme que le président a pris des décisions responsables de ces dérives financières.
L’accusation portée contre Macky Sall marque un tournant dans l’histoire judiciaire du Sénégal. En effet, si des poursuites sont effectivement engagées contre l’ex-président, ce serait la première fois qu’un ancien chef d’État est traduit devant la justice pour des actes liés à sa gestion. Depuis l’indépendance du pays en 1960, aucun ancien président n’a été jugé pour des faits commis durant son mandat, bien que des critiques aient souvent été émises sur la gestion des affaires publiques.
L’annonce de l’ouverture d’une procédure judiciaire contre l’ex-président pourrait avoir des conséquences importantes pour la politique sénégalaise. Elle pourrait entraîner une nouvelle dynamique dans les relations entre les anciens dirigeants et le système judiciaire, qui s’affirme comme indépendant. L’ouverture de la Haute cour de justice, installée en décembre 2024, pourrait permettre de juger Macky Sall et d’autres figures politiques pour « haute trahison », renforçant ainsi l’idée que la justice ne fait pas de distinction, même pour les plus hauts responsables de l’État.
Certains experts estiment que les accusations portées contre Macky Sall relèvent d’une instrumentalisation politique, le plaçant sous pression dans un contexte électoral tendu. D’autres, cependant, saluent le rôle de la Cour des comptes et de la justice sénégalaise, qui, selon eux, prouvent leur indépendance en prenant des mesures contre des figures politiques de premier plan. Ce cas pourrait également servir de précédent pour une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques au Sénégal.
L’affaire pourrait également marquer un tournant dans la perception des institutions publiques au Sénégal. Si Macky Sall devait être jugé et reconnu coupable, cela enverrait un message fort sur la nécessité de rendre des comptes, quelle que soit la position occupée. Ce processus pourrait être vu comme un gage de renforcement de la démocratie sénégalaise, où même les anciens présidents sont tenus responsables de leurs actes devant la loi.