L’ANC, parti emblématique de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, entame sa campagne électorale ce samedi, face à un contexte de mécontentement croissant. À l’approche des élections générales du 29 mai, le parti au pouvoir depuis trente ans risque de perdre sa majorité absolue au Parlement. Le président Cyril Ramaphosa s’apprête à prendre la parole devant quelque 85.000 militants à Durban, dans un climat socio-économique particulièrement tendu.
Le climat socio-économique morose, marqué par le chômage, la pauvreté et les inégalités, met en péril la position dominante de l’ANC. Le KwaZulu-Natal, province la plus peuplée et bastion historique du parti, se trouve au cœur de cette bataille électorale. L’opposition, notamment l’Alliance démocratique et le parti radical Umkhonto We Sizwe mené par l’ex-président Jacob Zuma, gagne du terrain, menaçant la suprématie de l’ANC au niveau national.
L’ANC, pilier de la démocratie sud-africaine depuis 1994, navigue dans des eaux troubles. La désaffection croissante des électeurs, exacerbée par les scandales de corruption et la gestion défaillante des services publics, met en lumière les défis auxquels le parti est confronté. L’annonce de la campagne de Jacob Zuma pour le MK a souligné les divisions internes et les luttes de pouvoir au sein du parti de Nelson Mandela.
Alors que plus de 27 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, l’ANC pourrait se voir contraint à former un gouvernement de coalition, perdant ainsi sa majorité absolue. Les partis d’opposition, dont l’Alliance démocratique et les Economic Freedom Fighters, promettent des réformes ambitieuses pour relancer l’économie, lutter contre la criminalité et résoudre la crise énergétique. La capacité de l’ANC à se réinventer et à proposer un projet convaincant sera déterminante pour son avenir politique.
L’Afrique du Sud fait face à des défis économiques et sociaux majeurs, notamment des coupures de courant fréquentes et un taux de criminalité alarmant. Le taux de chômage, actuellement à 32,1%, souligne l’urgence d’une réforme économique profonde. La gestion de l’entreprise publique Eskom, symbole des échecs de l’ANC, sera un enjeu crucial de cette campagne.
Face à un paysage politique en mutation, l’ANC doit démontrer sa capacité à répondre aux besoins urgents de la population tout en se projetant comme un parti fort et unificateur. La campagne électorale de 2024 est un test crucial pour le parti, qui devra faire face à l’insatisfaction générale tout en préservant son héritage historique.