Dans la nuit du dimanche 16 mars 2025, l’armée sud-soudanaise a mené des frappes aériennes sur la ville de Nasir, située dans le Haut-Nil, dans le nord-est du pays. Ces bombardements ont coûté la vie à 21 personnes, selon les autorités locales. Cette attaque survient dans un contexte de tensions croissantes entre l’armée sud-soudanaise et la milice nuer White Army, fidèle à l’opposant Riek Machar, qui a intensifié les affrontements dans la région depuis la mi-février.
Depuis plusieurs semaines, Nasir est le théâtre de combats violents entre l’armée sud-soudanaise et la White Army, une milice nuer qui soutient le vice-président Riek Machar. Ces combats ont pris une tournure dramatique après la prise, le 7 mars, d’une base militaire sud-soudanaise par la White Army, et la mort d’un général de l’armée régulière lors de son évacuation. La situation dans cette région frontalière avec l’Éthiopie s’est fortement dégradée, avec des frappes militaires qui font des victimes parmi la population civile, exacerbant la souffrance des habitants.
Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est plongé dans une guerre civile prolongée entre différentes factions ethniques et politiques, notamment entre les partisans du président Salva Kiir et ceux de Riek Machar. Ces tensions ont pris une dimension supplémentaire avec l’implication de groupes armés, tels que la White Army, qui représentent des enjeux complexes liés à l’ethnicité et à la lutte pour le pouvoir. Les événements à Nasir s’inscrivent dans un cycle de violences qui secoue le pays depuis des années et qui compromet les efforts de paix et de réconciliation.
Les bombardements sur Nasir ont attiré l’attention internationale, en raison de leur brutalité et des images insoutenables de victimes civiles brûlées. Le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, Michael Makuei, a réfuté les accusations de frappes sur des civils, insistant sur le fait que les bombardements visaient les combattants ennemis. Toutefois, les critiques affluent sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes qualifient ces attaques de « crimes ». La présence de troupes ougandaises sur le sol sud-soudanais, confirmée récemment par Makuei, ajoute une nouvelle dimension à cette guerre, alimentant les spéculations sur les motivations de cette implication militaire étrangère.
La présence militaire ougandaise au Soudan du Sud est régie par un pacte de coopération militaire datant de 2008, mis en place lors des combats contre l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Bien que ce traité ait été réactualisé, l’ampleur actuelle de la présence ougandaise dans le pays, avec des convois militaires filmés en direction de Juba, suscite des interrogations sur les intentions de l’Ouganda dans ce conflit. Ce pacte pourrait être un facteur clé dans l’escalade des violences dans la région, notamment avec l’envoi de renforts pour soutenir le gouvernement sud-soudanais.
Le Soudan du Sud semble être pris dans un cercle vicieux de violences et de rivalités ethniques. Les perspectives de paix semblent de plus en plus incertaines, malgré les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu. Les frappes aériennes et l’implication de forces extérieures pourraient bien prolonger ce conflit, tout en compliquant davantage la situation humanitaire dans le pays. Le sort de milliers de civils pris entre les feux reste préoccupant, d’autant plus que les acteurs locaux et internationaux semblent incapables de mettre en place une solution durable à cette crise persistante.