Une pilule qui vibre dans vos intestins, une autre pistée à la trace pour identifier là où ça coince: des scientifiques ont récemment imaginé de nouvelles solutions pour mieux soigner les problèmes intestinaux, en n’utilisant aucun médicament, mais plutôt de petits robots à avaler — un domaine de recherche en plein essor.
Aux Etats-Unis, environ 16 adultes sur 100 ont des problèmes de constipation (moins de trois selles par semaine), selon les autorités sanitaires — une proportion qui croît avec l’âge.
Une étude parue lundi dans la revue Nature electronics a détaillé le fonctionnement d’une pilule qui, une fois ingérée, peut être suivie tout au long de son parcours avec une précision de 5 à 10 millimètres.
Un tel dispositif permettrait d’identifier quelle partie du tube digestif cause un ralentissement du transit intestinal, et ce bien plus simplement qu’en se rendant à l’hôpital pour une radiographie ou une coloscopie.
“Si vous pouvez examiner la santé intestinale en utilisant ce type de petit robot (…), cela sera d’une grande aide pour les gastroentérologues, qui doivent faire beaucoup de tests invasifs” à l’heure actuelle, a souligné auprès de l’AFP Saransh Sharma, chercheur à l’université Caltech, et co-auteur de l’étude.
Cela leur permettrait “d’obtenir beaucoup d’informations essentielles pour leur diagnostic et leur proposition de traitement”, a-t-il expliqué.
Le dispositif est composé d’une pilule de 20 millimètres de long et 8 de diamètre, et d’une bobine restant à l’extérieur du corps, qui émet un champ électromagnétique. La pilule, une fois avalée, capte une valeur électromagnétique unique en fonction de sa distance, et cette valeur est ensuite transmise à un ordinateur ou un téléphone via Bluetooth. C’est ce qui permet de déterminer précisément la localisation de la pilule.
A terme, les chercheurs imaginent que la bobine puisse être placée dans la veste du patient, ou encore à l’arrière de leurs toilettes.
Le tout a été testé sur des porcs, dont l’anatomie est similaire à celle des humains. Les chercheurs espèrent pouvoir réaliser des essais cliniques sur les humains dans “quelques années”, selon Saransh Sharma.
Outre aider les personnes constipées, il estime que cette solution pourrait aussi bénéficier aux personnes âgées souffrant d’incontinence. La pilule, ingérée avec la nourriture, pourrait les prévenir une fois le colon atteint, leur signalant ainsi qu’elles doivent aller aux toilettes.
– Vibrations –
Ces recherches démontrent d’un intérêt grandissant pour le rôle que peuvent jouer les robots à ingérer pour la santé — “un secteur très en vogue”, a confirmé le chercheur.
Une autre pilule a elle déjà été approuvée cet été par l’Agence américaine des médicaments (FDA), pour les personnes constipées ne voyant pas d’amélioration après un mois de laxatifs.
Appelée Vibrant, son déplacement ne peut, lui, pas être suivi, mais elle possède une caractéristique bien à elle: elle vibre à l’intérieur du colon.
Une fois ingérée, elle s’éteint durant quelques heures, avant de s’activer une fois au bon endroit, en produisant de petites vibrations par intermittence. Elle est ensuite rejetée dans les selles.
Le traitement, conçu pour être pris une fois par jour, a été testé lors d’un essai clinique sur environ 300 personnes, ayant montré que celles ayant pris cette pilule se rendaient plus souvent aux toilettes.
Vibrant est disponible dans certains Etats américains depuis début 2023, et doit le devenir plus largement au fil de l’année, selon la compagnie israélienne qui le commercialise.