L’armée ougandaise a renforcé sa présence dans la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo en déployant ses troupes à Mahagi, une localité stratégique à plus de 150 kilomètres au nord de Bunia, près de la frontière avec l’Ouganda. Ce mouvement s’inscrit dans une volonté de sécuriser la région et d’étendre le périmètre des opérations des forces ougandaises. Ce samedi matin, une colonne de véhicules militaires, composée de camions, 4×4 et véhicules blindés, a traversé le poste frontière, soulignant l’intensification de l’engagement militaire dans cette zone.
Le déploiement des troupes ougandaises à Mahagi fait suite à un accord signé entre les autorités congolaises et ougandaises, visant à élargir la zone des opérations pour mieux protéger la population locale. Bien que cette expansion vise à lutter contre des groupes armés, la zone de Mahagi n’est pas un bastion des ADF (Allied Democratic Forces), le groupe rebelle ougandais qui constitue la cible principale de l’opération conjointe entre l’armée congolaise et l’armée ougandaise. Les milices locales, telles que la CODECO (Coopérative pour le Développement du Congo) et les Zaïre, semblent être les principaux acteurs en présence dans cette région.
Ce déploiement intervient dans un contexte de sécurité complexe en Ituri. L’armée ougandaise est présente dans la région depuis fin 2021, dans le cadre de l’opération Shujaa, visant à éradiquer les ADF, un groupe rebelle ougandais allié à l’État islamique. Cependant, les enjeux de sécurité se sont élargis avec l’apparition d’autres milices locales, notamment la CODECO, qui exerce une pression croissante sur la population. Par ailleurs, la région de Mahagi se trouve à proximité de zones déjà instables, telles que celles affectées par les affrontements avec le M23, soutenu par le Rwanda.
Le déploiement à Mahagi témoigne de l’intention des autorités ougandaises de sécuriser cette zone frontalière, cruciale pour la stabilité de l’Ituri et pour la région du lac Albert. Les autorités congolaises ont exprimé leur soutien à l’extension des opérations, mais des interrogations subsistent sur les objectifs militaires précis dans cette nouvelle zone d’intervention. La présence accrue des forces ougandaises pourrait avoir des conséquences sur l’équilibre fragile entre les différentes milices locales, avec des risques d’escalade.
Les habitants de Mahagi ont observé l’arrivée des troupes ougandaises avec une certaine appréhension. Bien que l’objectif affiché soit de protéger la population, des voix locales se sont élevées pour questionner l’efficacité de cette intervention et ses répercussions sur la vie quotidienne. Les tensions entre les différentes communautés locales et les milices d’autodéfense, comme la CODECO, compliquent encore la situation. Ces acteurs locaux pourraient voir d’un mauvais œil la présence accrue de forces étrangères sur leur territoire, exacerbant ainsi les tensions.
Les experts militaires estiment que l’extension des opérations ougandaises pourrait avoir des effets significatifs sur la dynamique des conflits en Ituri. D’une part, cela pourrait renforcer la pression sur les milices locales comme la CODECO et les Zaïre, en les privant de certaines zones stratégiques. D’autre part, l’intervention accrue pourrait également accentuer les divisions communautaires, alimentant potentiellement un cycle de violence. Les observateurs restent prudents quant aux résultats à long terme, soulignant la nécessité d’un dialogue politique pour accompagner cette dimension militaire.
Well, now the UPDF is going to capture the entire DRC border with Uganda. From Lubero north! That is our sphere of influence. NOTHING will happen there without our permission.
— Muhoozi Kainerugaba (@mkainerugaba) February 28, 2025