L’Agence du revenu du Canada (ARC) est en pleine « chasse aux sources », tentant d’identifier les lanceurs d’alerte qui auraient révélé aux médias les failles internes ayant permis des fraudes massives. Ces fuites ont mis à nu des échecs de sécurité ayant entraîné des pertes financières de millions de dollars. La direction de l’ARC se montre inquiète et cherche à contenir les divulgations publiques qui ternissent son image et mettent en évidence la fragilité de ses systèmes de sécurité.
Selon plusieurs sources internes, les gestionnaires de l’ARC cherchent à éviter toute communication non autorisée, incitant ainsi les employés à ne pas parler aux médias. Ces mêmes sources dénoncent une répression en interne, qualifiée de « chasse aux sorcières », visant à retrouver ceux qui ont osé divulguer les informations. Les ordinateurs des employés sont minutieusement inspectés afin de déterminer qui aurait eu accès aux documents confidentiels, ce qui suscite des craintes parmi le personnel.
Les révélations des émissions de Radio-Canada et The Fifth Estate ont mis en lumière des problèmes majeurs de sécurité. Des dizaines de milliers de comptes de contribuables ont été piratés au cours des dernières années, un chiffre largement sous-estimé dans les communications faites au Parlement. De plus, des versements frauduleux de 40 millions de dollars ont été approuvés sans vérifications préalables. Depuis ces révélations, la stratégie de l’ARC semble se concentrer sur la limitation des dégâts plutôt que sur la résolution des problèmes systémiques.
Les partis d’opposition ont réagi en demandant des comptes à l’ARC. La ministre du Revenu, Marie-Claude Bibeau, et des responsables de l’agence sont appelés à témoigner devant les comités parlementaires pour répondre aux inquiétudes sur la gestion des cas de fraude et la sécurité des données des contribuables. Ces audiences pourraient permettre de faire la lumière sur l’ampleur des pertes et les mesures qui seront prises pour améliorer la sécurité.
Beaucoup de fonctionnaires estiment que leurs préoccupations sont ignorées par la direction, malgré les conséquences graves des failles de sécurité. Certains vont même jusqu’à dénoncer un système qui blâme les lanceurs d’alerte plutôt que de prendre des mesures concrètes pour améliorer la protection des comptes des contribuables. Un employé anonyme a affirmé que les Canadiens ont le droit de savoir comment leurs informations sont traitées, dénonçant l’hypocrisie de l’ARC face à la vie privée.
L’ARC a annoncé avoir perdu 190 millions de dollars entre 2020 et 2024, principalement au début de la pandémie. Cependant, les sources internes estiment que ces chiffres ne révèlent qu’une partie de la vérité. Plusieurs stratagèmes de fraude, y compris des remboursements frauduleux liés à des comptes de TPS, auraient coûté des centaines de millions de dollars supplémentaires. Le manque de transparence de l’ARC sur ces questions alimente les interrogations, et une clarification est attendue lors des futures auditions parlementaires.